Le secrétaire général du FLN a installé un ami aux commandes du FLN, au moment où le parti fait l'objet d'une lutte sourde en interne. Djamel Ould Abbès a fait appel à son fidèle collaborateur Abdellah Bouchenak pour gérer son cabinet. Depuis quelques jours, celui qu'on présente comme «l'éminence grise» d'Ould Abbès au ministère de la Solidarité, puis à la Santé, s'est installé au siège du parti à Hydra pour gérer les «affaires courantes» avant d'être intronisé directeur de cabinet. En attendant, il a pris place dans le bureau occupé naguère par Fodhil Saadeddine et se charge de filtrer les demandes d'audience, réceptionne tous les rapports confidentiels transmis au secrétaire général et organise le planning du premier responsable du parti. En gros, il est les yeux et les oreilles de M. Ould Abbès. «Djamel Ould Abbès a une totale confiance dans M. Bouchenak, affirme un cadre du parti. Ils se connaissent depuis longtemps et s'apprécient beaucoup.» Ce qui fait dire à un proche de Ould Abbès : «maintenant, il peut dormir sur ses deux oreilles. Ce n'était pas le cas avec Fodhil.» L'ancien directeur de cabinet, proche de Amar Saadani et dont plusieurs membres du BP ont demandé à maintes reprises son limogeage, a su comment contourner les écueils en se rendant indispensable. Pour cela, il s'est rapproché du fils aîné d'Ould abbès, Wafi, et a tissé des liens très forts avec lui. Cette relation lui a permis d'asseoir son pouvoir et de garder la mainmise sur un poste stratégique. «Il a piégé le patron du FLN en mouillant son fils dans des affaires», accuse un membre du BP. Allusion à l'affaire qui a défrayé la chronique et qui a abouti à une perquisition effectuée par des éléments de la gendarmerie nationale au domicile du fils aîné. Une affaire qui a contraint le SG à confirmer la perquisition lors de la conférence de presse tenue au Centre international des conférences le 11 mars. Cette affaire a donné lieu en coulisses à un marchandage de la part de certaines personnalités qui ont négocié la «protection du fils de...» contre des places éligibles sur les listes électorales. «C'est ainsi que la première liste d'Alger a été confectionnée avec Abdesslam Chelghoum comme tête de liste», affirme un membre de la commission de candidatures. La liste sera annulée quand la Présidence aura eu vent de la machination et la confirmation que Amar Saadani était à la manœuvre. A El Mouradia, la présence de l'ancien secrétaire général fait craindre une «manœuvre diligentée par Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major», avance un proche de Djamel Ould Abbès. Pour reprendre la main, Tayeb Louh, ministre de la Justice et fidèle du Président est dépêché à l'hôtel Moncada pour procéder au «nettoyage des listes» de tous ceux dont on soupçonne avoir des liens avec l'ancien patron du parti. «C'est ainsi que Sid Ahmed Ferroukhi, Tahar Khaoua et Nadia Labidi ont été désignés sur la liste d'Alger», avoue un membre de la commission de candidatures. Djamel Ould Abbès, qui ne rate pas une occasion pour réécrire sa propre histoire, s'est empressé de s'attribuer la paternité de l'opération. Lors d'une rencontre avec les candidats à Sétif, le SG du FLN a annoncé avoir déjoué «un complot contre l'Etat algérien». «Après les élections, la vérité éclatera. Ils ont fait pression sur moi et ils ont échoué. Donc, ils ont tenté de m'attaquer autrement et ils ont échoué aussi», a-t-il déclaré, avant de s'en prendre à ceux qui «font des calculs pour 2019» et veulent trahir le chef de l'Etat en exercice. Une allusion à peine voilée à l'ambition supposée du vice-ministre de la Défense de «devenir un jour le calife à la place du calife». Cette dernière remarque aura le don d'irriter la Présidence, qui demandera à l'octogénaire de se calmer et d'éviter les allusions fâcheuses. «Le contrôle du FLN sera déterminant pour 2019, analyse un ancien cadre du FLN. Il faut s'attendre à d'autres tentatives de la part de ceux qui ambitionnent d'arriver à la fonction suprême. Je suis persuadé que la prochaine tentative sera plus violente.»