Dans les faits, l'instance de transition permettrait de geler les activités du bureau politique, alors que sa composante reste dominée par des hommes de l'ancien secrétaire général, Amar Saadani. Les choses semblent s'accélérer au FLN, à quelques mois des législatives de 2017. Alors que la réunification des rangs du parti, objectif principal assigné au secrétaire général, Djamel Ould Abbès, après la démission de Amar Saadani, n'est toujours pas entamée, des parties le pousseraient à accepter l'installation d'une instance de transition qui regrouperait tous les contestataires. Cette grande commission nationale est une des principales revendications de l'ancien secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, qui en avait fait un préambule à toute discussion. Il l'avait rappelé lors de l'entretien accordé au site arabophone de la chaîne de télévision américaine CNN, le 27 octobre dernier. Pour lui, cette instance de transition permettrait de «rassembler tous les contestataires au sein du parti autour d'un seul objectif qui est celui de réussir aux prochaines législatives pour demeurer la première force politique». Dans les faits, cette instance de transition permettrait de geler les activités du bureau politique, alors que sa composante reste dominée par des hommes de l'ancien secrétaire général Amar Saadani. Dès son installation au poste de secrétaire général, plusieurs personnalités avaient suggéré à Ould Abbès de virer certains membres du BP, accusés de monnayer les places sur les listes électorales. L'autre cas concerne l'inamovible directeur de cabinet, Fodhil Saâdeddine, dont le maintien a fortement déplu aux groupes contestataires. Selon certaines sources, le nouveau secrétaire général aurait décidé de le remplacer par Abdelaziz Kadi, cadre au ministère de l'Intérieur et frère de l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi. «Après le refus de Ould Abbès d'opérer des changements dans la composante du BP et face à son échec sur le dossier du rassemblement, il lui a été fortement suggérer de se conformer à la feuille de route qui lui a été confiée», reconnaît un membre de la direction du parti. Cette situation d'urgence intervient alors que de sérieux doutes apparaissent sur sa capacité à accomplir sa mission. «Personne ne comprend très bien ce qu'il veut faire, affirme un membre de l'entourage de Abdelaziz Belkhadem. Il donne l'impression de naviguer à vue et de faire le contraire de ce qu'il lui a été demandé.» Par ailleurs, de fortes dissensions sont apparues au grand jour entre des membres du bureau politique et Djamel Ould Abbès. C'est le cas avec Salima Otmani, à la tête de la mouhafada de Bordj Menaïel en charge de la condition féminine au BP, qui avait dans un premier temps refusé de se conformer à la règle du non-cumul des fonctions avant de choisir de rester au BP. Djamel Madi, membre du BP et mouhafedh de Bab El Oued, avait lui aussi traîné les pieds avant d'accepter de se conformer à la directive de son chef, tout en militant pour que son beau-frère Hassen Katou, ancien président de l'APC de Bab El Oued, le remplace à la tête de la mouhafadha. «Les choses étaient devenues incontrôlables, reconnaît un membre du comité central. Il y en avait même qui regrettaient Amar Saadani, c'est dire qu'il y avait urgence à agir.»