Dans le même mouvement, un restaurant d'EI Harrach offre les atouts de la restauration rapide et l'élégance des restaurants de renom. Comme dans un Mac Do, l'espace réservé au consommateur est grand. Les tables peuvent accueillir des groupes de 4, voire 6 personnes. Le mobilier en bois foncé apporte une touche de chaleur. La reproduction de Picasso allège le sérieux imposé par le mobilier. Des serveurs en costumes noir et blanc et nœuds papillons déambulent les bras chargés de plats. D'emblée, on a envie de vérifier qu'on a prévu suffisamment d'argent pour pouvoir s'attabler. Erreur, les prix sont largement accessibles. Le menu propose une variété de mets pouvant satisfaire gourmands et palais délicat. A droite, un groupe a commandé pizza et frite poulet. A gauche, deux jeunes femmes semblent savourer leurs lasagnes aux fruits de mer, servies dans des terrines de terre et agrémenté d'un filet d'huile d'olive. La clientèle est de tout âge. Sans conditions sociales particulières. Certains ont des allures d'étudiants, d'autres de cadres dynamiques. « Nous avons très souvent des commercials d'une entreprise de téléphonie mobile », explique un serveur. Pas de conditions sociales particulières ni de type sociétal particulier. Si ailleurs, certains restaurants affichent « réservé aux familles » pour ne pas avoir à jeter dehors les couples qui ne savent pas se tenir, dans le restaurant d'EI Harrach, entre midi et deux heures, on s'attend à voir de tout. Du jeune couple fraîchement diplômé et la tête dans les nuages, aux jeunes filles voilées ou pas ricanant bêtement comme on ne peut le faire qu'à vingt ans. Les cadres afférés ont leur place et font mine, portable en main, d'accorder peu d'intérêt à ce qui se passe autour. Mais ils mentent mal. Dès que le plat fumant est posé sur la table juste sous leur nez, le portable est vide boudé pour être remplacé par une fourchette. On a faim. Non pas de nourriture. On a faim de vie et c'est ce qui transparaît dans chacune des postures de ceux qui s'attablent. A Hydra comme au Golf, bien que la clientèle se veuille davantage dans le « move » ou « in », c'est avec le même appétit que les bouchées sont avalées. Un restaurant à Hydra offre confort et convivialité. Suggéré par un mobilier en rotin et des couleurs pastelles, c'est avec une frénésie mal mesurée que les clients se jettent sur leur plat. Raffinés sans excès, les menus proposés sont à la hauteur des espérances des estomacs algériens : de grande quantité mais du goût. Relevé mais sans copier outrageusement les secrets de la dersa. La révolution culinaire a touché tous les types de mets. Il en va ainsi de la cuisine italienne mais également celle qui se veut d'inspiration française. La cuisine chinoise qui a tenté durant quelque temps de s'implanter dans la capitale n'a pas fait long feu. Certains restaurants ont tout simplement fermé, d'autres ont migré vers des contrées connues pour avoir une forte main d'œuvre chinoise. A Birkhadem, ce sont des Chinois qui ont envahi le restaurant chinois. D'ailleurs sans explication, le gérant algérien affirme que le restaurant n'est réservé qu'aux Chinois. Pas de clientèle algérienne. Seule la cuisine orientale ne semble pas avoir suivi le mouvement. A croire qu'aucun restaurateur n'a réussi à supplanter le couscous de maman. Pourtant avec un décor version mille et une nuits agrémenté d'un thé qui chuchote des poèmes arabiques, cela aurait suffi.