Le président de la FIFA, Gianni Infantino, élu le 26 février 2016 sur un programme qui faisait la part belle au clientélisme, a enfourché son cheval de bataille qui se résume à satisfaire le maximum des voix qui l'ont porté à la tête de l'instance il y a presque un an. Sa promesse d'élargir le nombre de qualifiés à la Coupe du monde 2026 à 40 équipes est passée à 48. Il veut organiser une Coupe du monde à laquelle participera presque le quart (48) des associations (209) affiliées à la FIFA. Depuis son élection, il n'a pas musardé. C'est à partir du Nigeria, le 25 juillet 2016, qu'il a annoncé sa ferme intention d'élargir le plateau final de la Coupe du monde, avec la promesse que l'Afrique bénéficiera de deux places supplémentaires. Ce qui porterait le nombre des pays africains qualifiés à la Coupe du monde 2028 à sept. Quelques mois plus tard, c'est à partir de Bogota (Colombie) qu'il a enfoncé le clou en appelant ses soutiens à la rescousse. Ces derniers se recrutent principalement parmi les présidents de Fédérations dites «petites», ainsi que des joueurs et entraîneurs de renom qui ont soutenu sa candidature contre le Koweïtien Ali Salman. Quelles sont les réelles motivations qui ont poussé le successeur de Joseph Sepp Blatter à vouloir élargir le nombre de pays qualifiés à la Coupe du monde 2028 ? Ce n'est certainement pas l'aspect technique et sportif évacué depuis longtemps du lexique des barons du football mondial. Tout le monde sait que la Coupe du monde est le bijou de famille de la FIFA. Plus de 90% des ressources de la FIFA proviennent de sa compétition majeure qui multiplie ses gains à travers les contrats faramineux qu'elle a signés avec ses partenaires, sponsors et multinationales qui ont toujours leur mot à dire dans tout ce qui touche au football et à la FIFA. Selon son entourage, Gianni Infantino était parti sur l'option de 40 pays qualifiés au Mondial que son ex-patron à l'UEFA, le Français Michel Platini, avait évoqué dans son programme électoral avant qu'il ne soit rattrapé par le scandale de la FIFA et suspendu 6 ans, puis 4 ans de toute activité liée au football. L'Italo-suisse s'est contenté de ramasser le programme de Michel Platini pour extraire la proposition d'un Mondial à 40 équipes. Joseph Sepp Blatter avait désavoué ce choix ; à l'époque, il était encore président de la FIFA, en soulignant «il ne faut surtout pas toucher à la qualité de l'événement. Une Coupe du monde à 32 équipes est la formule idéale». En réalité, un Mondial à 48 équipes est une proposition formulée par le portugais Luis Figo, candidat éphémère à la présidence de la FIFA, qui avait conçu son projet sur deux tournois regroupant chacun 28 équipes et se déroulant dans deux pays. Les 24 qualifiés à l'issue du Mondial préliminaire se retrouveraient dans un autre pays pour se disputer le trophée. Gianni Infantino a pris les idées des autres et il est allé à la pêche des voix au sein du conseil de la FIFA (ex-comité exécutif élargi à 32 membres). Infantino fait dans la diversion Certains membres de la FIFA proposent une tout autre lecture de la «pagaille qu'est en train de provoquer Infantino». Pour eux, il n'y a pas de doute que le président de la FIFA fait dans la diversion pour faire oublier l'essentiel, c'est à dire les promesses qu'il a tenues avant son élection en matière de réformes profondes mais qu'il a vite oubliées, comme l'indique la première décision qu'il a pris au lendemain de son entrée en fonction, à savoir la dissolution de la Task Force de la FIFA contre le racisme. Peu de dirigeants et personnalités du football ont manifesté leur désapprobation contre une décision qui est en fait un chèque en blanc donné à tous les racistes qui sévissent dans le football. Seul l'Ivoirien Yaya Touré s'est élevé et a dénoncé cette décision. Ce n'est pas tout. Le congrès de Mexico City en mai 2016 a étalé davantage les fissures au sein de la FIFA lorsque Dominico Scala, président de la commission d'audit et de conformité, a claqué la porte en signe de désapprobation de la décision de Gianni Infantino de modifier le règlement permettant au conseil de la FIFA de désigner ou révoquer les membres des commissions indépendantes. Celui qui clame : «Je ne suis pas un dictateur», a eu maille à partir avec des membres de la FIFA qu'il a accusés de lui verser «un salaire misérable pour le travail que je fais». Ces propos ont fait l'effet d'une bombe à Mexico. Il a demandé et obtenu la destruction d'enregistrements de séances. Une Coupe du monde à 48 équipes signifie plus de gains pour la FIFA avec la vente des droits télé. A la FIFA, le business reste la motivation principale de tous les programmes et actions initiés par l'instance mondiale du football. C'est dans cet ordre que s'inscrit le projet pharaonique que Gianni Infantino qui compte mener à l'horizon 2050 une Coupe du monde étalée sur 6 mois avec 82 mondialistes. Demain à Zurich, Gianni Infantino présentera au conseil de la FIFA la mouture finale de son projet de Coupe du monde à 48 équipes.