Thomas Gradek est President et fondateur de RHST INDUSTRIES et développeur de la plate-forme technologique RHS. Il A dirigé la recherche et le développement de la technologie et ses applications avec les centres de recherche de grandes universités et académies des sciences. Comme il a mis en œuvre des projets à l'échelle industrielle sur plusieurs continents dans les applications de la technologie de la RHS. Dans cet entretien, il revient sur les solutions préconisées pour la lutte contre le gaspillage de l'eau. Vous venez de prospecter en Algérie pour proposer vos services en matière de lutte contre le gaspillage de l'eau. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise et vos produits ? La Société RHST Industries Inc. est une société canadienne dans le domaine des technologies environnementales, qui œuvre à mettre en place des solutions pour augmenter l'efficacité de l'utilisation de l'eau potable dans le secteur agricole et le stockage de l'eau en réservoir. La sécurité de l'eau et de la nourriture pour la population croissante de la planète est très fragilisée, puisque l'empreinte de l'eau de nos produits agricoles n'a pas changé depuis 5000 ans. C'est l'objectif de notre mission : augmenter la récolte par litre d'eau sans modifier la génétique des plantes. On s'y prend, d'une part, à éliminer les pertes d'eau par évaporation du sol ou de la surface de l'eau. On améliore et simplifie la culture d'hydroponie. On peut même utiliser du saumâtre pour irriguer dans le sable du désert pour combattre la désertification par la reforestation. Dans quels pays vos produits sont-ils commercialisés et pourquoi avoir ciblé l'Algérie ? Notre marché le plus vaste est celui de la Chine. Il y a une population énorme qui doit être nourrie et la Chine importe la nourriture pour 800 millions d'habitants. Le ministère de l'Agriculture songe à augmenter sa production, mais est limité par ses ressources. Nous sommes en train d'industrialiser l'agriculture au centre des villes en hydroponie à tour d'édifice à étages multiples, qui fonctionnent 24h sur 24 h avec éclairage DEL. On y récolte du riz organique de grande qualité en 50 jours par exemple. Nous sommes en Afrique du Sud avec des projets moins grandioses dans les secteurs de fruits et agrumes, et aux Emirats avec des palmiers dattiers. Les Nations unies ont convoité un projet pour contrer la désertification qui se repose au nord et au sud du Sahara. Les pays du Maghreb ont reconnu cet objectif et l'Algérie a été notée comme pays modèle dans ses démarches pour combattre la désertification et la dégradation de sol. L'agriculture est le deuxième contributeur au PIB après Sonatrach. Le changement climatique impose des changements en précipitations, et il est nécessaire de trouver des moyens de limiter ces impacts. Comment comptez-vous vous y prendre pour commercialiser un produit pour les agriculteurs dans un pays où l'eau est gratuite ? Les ressources naturelles que nous utilisons aujourd'hui ne sont pas indéfinies, et si on dépasse le seuil de non-retour, on lèguera aux futures générations des pénuries et une moindre qualité de vie. On peut faire une comparaison avec le pétrole : Sonatrach envisage d'avoir une réserve pour 35 ans ; que se passera-t-il après ça ? Pourquoi cherche-t-on à réduire la consommation d'essence dans les véhicules sur la route ? Pourquoi produire des céréales lorsque la récolte est inférieure à 40% de la moyenne globale. Est-ce qu'on examine toutes les informations afin de bien choisir ce qui sera plus efficace pour les ressources ? Pourquoi les utilisateurs industriels et le peuple sont-ils les seuls à payer pour l'eau tandis que l'agriculteur utilise 80% de l'eau potable disponible au pays et ça ne lui coûte rien. Viendra le jour où la pénurie d'eau va occasionner des dégâts et que l'on devra suivre l'exemple de l'Iran, puisque le ministre vient d'annoncer qu'il va couper l'approvisionnement de l'eau aux agriculteurs pour le donner à la population. Le point est de planifier d'avance une stratégie pour limiter le gaspillage et augmenter la récolte par le système du goutte-à-goutte. Quels sont vos projets au Maghreb et en Afrique en général ? Nous souhaitons pouvoir initier des projets au Maghreb par lesquels on permettra une meilleure utilisation de l'eau pour l'agriculture et de transformer le désert en terre arable pour combattre la désertification. Par la suite, utiliser le Maghreb comme plateforme pour l'Afrique du Nord, porter l'aide au pays en bordure du Sahara, et éviter une émigration inévitable d'humains qui partiront vers des terres qui offrent une meilleure qualité de vie. RHST Industries pourrait d'ailleurs participer au projet grandiose de Sonatrach, qui est la plantation d'arbres pour combattre l'érosion. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce dernier point ? C'est une bonne initiative de Sonatrach. Il est clair que Sonatrach n'étant pas spécialisée dans le domaine, elle a fait appel à la Direction générale des Forêts. Dans ce cadre-là, RHST Industries pourrait être d'une grande utilité pour garantir le succès de cette noble opération. RHST Industries pourrait ramener son expérience et son expertise pour faire de cette opération un succès. Nous allons d'ailleurs prendre contact avec les deux structures, à savoir la direction générale des Forêts et Sonatrach pour leur proposer notre participation au projet, qui consisterait : - pour la DGF, de planter des arbres à valeur ajoutée tels que fruitiers et palmiers dattiers dans le but de réaliser en matière de valeur de la production agricole ajoutée au Produit intérieur brut (PIB) avec la création d'emplois à la chaîne de valeur qui est l'éventail des activités et services requis pour mettre le produit sur le marché ; - utiliser la technologie RHST Industries pour réduire la perte d'eau pour ces produits agricoles, afin que la demande d'eau soit plus facile à gérer, puisqu'on utilisera 40 à 60% moins d'eau, n'ayant pas de perte d'eau par évaporation ; - pour Sonatrach, cette plantation d'arbres vise un objectif dans le cadre de changement climatique avec la possibilité de générer des crédits de carbone dans la lutte contre le changement climatique. Il y a aussi un autre objectif visé par les Nations unies dans le cadre de son programme, qui est le combat contre la désertification et dégradation. (UNCDD).