Derbal s'emploie à «convaincre» les Européens sur la transparence des élections législatives. Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, s'est entretenu jeudi passé avec les ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne (UE) à Alger pour les «rassurer sur le bon déroulement» des élections législatives du 4 mai prochain. Si l'ancien député islamiste a défendu la thèse selon laquelle le scrutin législatif se déroulera «dans la transparence», il par ailleurs soutenu qu'il ne faut pas «le comparer à celui des démocraties occidentales». Selon plusieurs sources, Abdelwahab Derbal a indiqué aux représentants des pays de l'UE que «l'Algérie est un pays musulman qui n'a pas la même histoire que celle l'Europe et, de ce fait, il ne faut pas appliquer les mêmes normes à la démocratie en Algérie». Une démocratie spécifique A suivre la logique de l'ancien député Nahda et compagnon de Abdallah Djaballah, les standards électoraux sont alors à géographie variable. Un message subliminal pour convier les Européens à ne pas trop critiquer le processus électoral. Et pour «mieux convaincre», le président de la HIISE a rappelé à ses hôtes que «la démocratie avant qu'elle ne soit une pratique est d'abord une culture». S'exprimant sur les partis politiques en compétition électorale, leurs poids et leurs programmes, Derbal a appuyé le propos d'un ambassadeur européen qui a soutenu que la «majorité des partis politiques ne disposent pas de programme politique sérieux». Il est allé encore plus loin en affirmant que les Algériens «votent naturellement et utilement pour le parti du FLN et non par choix basé sur le programme des partis». C'est un parti pris flagrant et une manière de valider par anticipation «la victoire» des partis au pouvoir. S'agissant des garanties sur la transparence du scrutin, Derbal n'a pas beaucoup convaincu, se contentant de profession de foi. Au sujet du fichier électoral qui fait objet de polémique au sein de la classe politique à la veille de chaque élection, Abdelwahab Derbal a indiqué que les partis politiques n'ont pas le droit d'avoir accès au fichier national, mais seulement au fichier communal. Un fichier électoral qui, faut-il rappeler, constitue un enjeu électoral dès lors que seule l'administration en a le contrôle exclusif, donc en mesure de manipuler les résultats au soir des élections, comme le soupçonnent nombre de partis politiques. D'autant que le fichier en question n'est pas assaini. Des milliers de personnes décédées sont encore inscrites, ce qui fait dire à certaines formations politiques que «même les morts votent». Par ailleurs, Abdelwahab Derbal a réaffirmé le refus du ministère de l'Intérieur de remettre le fichier aux observateurs étrangers, s'appuyant sur un argument pour le moins burlesque. «La société algérienne est conservatrice et pudique et donc elle ne voudrait pas que ses données personnelles soient connues des étrangers.» Pour rappel, l'Union européenne va dépêcher quatre experts pour superviser les élections législatives. Le gouvernement algérien, très sensible aux remarques des missions d'observation européennes, n'accepte plus d'observateurs, mais plutôt des experts, et ce, en nombre réduit. Le dernier rapport établi par les deux experts de Bruxelles pour l'élection présidentielle avait émis de fortes critiques sur le déroulement du scrutin présidentiel.