Comme tant d'autres écrivains algériens, Hamid Abdelkader (1) débutera par le journalisme, tout en risquant quelques nouvelles qui resteront, d'ailleurs, un sous-produit de son activité professionnelle. Cependant, en 1999, il publiera un roman : Le Glissement (2), de plus amples proportions où il abordera les horreurs du terrorisme. Puis comme happé par l'histoire et la politique, il écrira deux portraits : Ferhat Abbès, l'homme républicain (3) et Abane Ramdane, plaidoyer pour la vérité (4), tout en continuant une carrière de critique littéraire dans la page culturelle du quotidien El Khabar. Comme critique littéraire, Hamid Abdelkader admire le réalisme. Il prône l'observation minutieuse, détaillée et fidèle. Grâce à l'objectivité du narrateur et au ferme souci de construction, il est pour une forme romanesque moderniste. Il milite pour une littérature plus vigoureuse, humainement plus riche, ouverte sur de nouveaux horizons. Il ne se borne pas, comme les critiques universitaires, à louer des classiques que personne ne conteste, mais se penche avec une attention sympathique sur les œuvres nouvelles. Il les juge électiquement et cependant dans une perspective bien algérienne. En 2005, Hamid Abdelkader a publié un recueil de nouvelles intitulé : Récits du café Malakof triste (5). Ce sont des nouvelles écrites par un écrivain mûr qui maîtrise bien son art. Ayant réussi le tour de force du roman (Le Glissement) presque sans intrigue, calqué sur le cours étale de la vie au jour le jour, il lui faut bien infuser à ses récits une part de vérité justifiée par sa maturité. La matière restituée et recomposée par Hamid Abdelkader est fortement imprégnée par « la politique ». Mais la manière de notre auteur, formée à une méthode toute proche de Merzak Bagtache, va se compliquant, s'enrichissant, s'empâtant, pour atteindre la quintessence subtilement décantée dans : Ce qui s'est passé dans le pays du dictateur. Les thèmes choisis par Hamid Abbdelkader sont fondés d'une manière générale sur les événements qu'a connus l'Algérie indépendante. Chez Abdelkader, la vision d'une société incohérente est fixée par un art très élaboré, qui adopte une technique calquée sur la matière même. Sa description de l'Algérie actuelle est l'une des plus amples, témoignage massif et construction délibérée à la fois d'un homme, d'un artiste qui nous livre, haletant et brutal, le rythme secret de son pays. 1) Né à Alger en 1967, Hamid Abdelkader est chef de la rubrique culturelle d'El Khabar depuis 1993 2) - Existe en arabe et en français 3 et 4) - Editions El Maârifa et éditions Chihab 5) - Editions Dar El Hikma (2005)