Des cafés littéraires, on en voit pas tellement. Hamid Abdelkader, écrivain éprouvé et journaliste à El Khabar, a pris le pari d'en organiser deux mercredis par mois à la salle Frantz Fanon de l'Office Riadh El Feth. Le choix de la rencontre de mercredi dernier s'est fait sur Djaoudet Gassouma, auteur de la nouvelle génération d'écrivains journalistes et le thème choisi à l'occasion est « L'urbanité et l'écriture dans le nouveau roman ». Un thème complexe comme l'est par certains côtés la ville d'Alger. Une ville qui ne sert que rarement de décor à des ouvrages de fiction d'auteurs algériens qui ne s'y intéressent que d'une façon fugitive. Les personnages, dans Alger ou dans d'autres espaces urbains du pays, n'entrent pas dans la cité et se trouvent souvent « confinés » à sa périphérie. Ce constat, que l'on retrouve chez des écrivains plus contemporains, est évident avec la première génération d'écrivains. Djilali Khellas, qui s'est exprimé au début sur cette problématique, dira que l'écrivain algérien, travaillé par les conditions de sa naissance, ne peut pas « adopter la ville et l'intégrer dans ses écrits ». L'auteur et chroniqueur à El Watan assure que les premiers « pères » de l'écriture romanesque « faisaient l'opposant » et s'intégraient dans un processus qui a la campagne pour décors. « Pas de bourgeoisie, donc pas de ville », dira en substance Khellas. La bourgeoisie n'a pas pris place et les couches qui se sont enrichies durant les années de crise n'ont pas acquis les caractéristiques de cette classe. Même parcours chez les écrivains qui se lamentent, autre caractéristique de notre littérature arabophone ou francophone. Avec l'indépendance, la ville s'est « offerte » aux autochtones, mais s'est, à l'occasion, ruralisée en raison des exodes. Dj. Gassouma assure que dans ces deux livres Zorna et Tseriel ou les yeux du feu, la ville est présente en filigrane, sans que lui-même y prenne trop attention. Le roman Zorna, paru chez Chihab en 2004, entame le récit par une description de la nuit qui enveloppe la ville, sans plus. « La cité se referme lentement sur elle-même comme un vieux grimoire poussiéreux, comme des pages de velours noir, noir comme la mort... » Hamid Abdelkader parlera pour sa part de la honte de « vivre, de voir et d'écrire sur la ville ». Auteur prolifique, Hamid Abdelkader, ne manquant jamais de piquant dans ses écrits, veut le retour du roman réaliste… intégrant la ville, comme il l'a lui même fait dans le Glissement, à ses débuts. « On ne sait plus faire de romans, de bon romans s'entend. Todorov a parlé à raison de la disparition de la littérature et de la nécessité de dépasser la phase du nouveau roman qui se préoccupe plus de l'esthétique que de la trame romanesque. Les écrivains algériens, de la nouvelle génération, ont souvent pris pour exemple cette école et produisent ainsi des romans qui sonnent faux. »