Communication tous azimuts, sorties sur le terrain et mobilisation de tous les moyens de l'Etat : le gouvernement jette tout son poids dans la bataille pour les législatives du 4 mai prochain. Et l'enjeu électoral mobilise non seulement les partis politiques, mais également l'équipe gouvernementale. A commencer par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en personne, qui sillonnera le pays pour tenter de convaincre les Algériens d'aller voter. Le coordonnateur de l'équipe gouvernementale, qui sera amputée de 5 de ses membres qui se sont portés candidats au scrutin législatif, ne se limitera pas à inaugurer des réalisations. Il discutera avec «la société civile» et tentera de convaincre les Algériens que seule «la participation» sortira le pays de la crise. Il sera aujourd'hui à Djelfa et se rendra à Sétif, puis dans d'autres régions. Même si le Premier ministre n'a pas beaucoup de choses à offrir aux Algériens, sauf «le sang et les larmes», comme disait Winston Churchill, ses services préparent déjà un chapelet d'annonces et de promesses pour garder l'image d'un Etat-providence qui «offre» des logements et des emplois malgré la crise. Et ce n'est pas un hasard si, par magie, le ministère de l'Habitat va distribuer, dans les semaines qui viennent, des milliers de logements sociaux et LPA. L'opération de relogement des familles de la capitale a repris et les souscripteurs au programme AADL vont apparemment recevoir leurs clefs tout comme quelques dizaines de citoyens qui ont opté pour la formule LPP. Il est vrai que ce sont des projets qui ne datent pas d'aujourd'hui, mais les distribuer à ce moment précis est un «geste» parmi tant d'autres pour capter les électeurs. C'est d'ailleurs une méthode qui a été utilisée à une plus grande échelle lors de l'élection présidentielle de 2014. Le secteur de l'éducation est également mis à contribution. L'école manque d'enseignants. Cela n'est pas nouveau. Mais le département de Nouria Benghabrit, qui organisait les concours de recrutement en début d'année ou au printemps, a décidé, cette fois-ci, de recruter des dizaines de milliers de professeurs – plus de 40 000 – en juin, soit après les élections législatives. Comme en 2014, les autorités commencent à promettre des «nouveautés» aux jeunes désireux de créer des entreprises par le biais de l'Ansej. Après les allusions quant à un possible rééchelonnement de la dette, les responsables du ministère du Travail veulent installer des antennes de cet organisme dans les universités. Une manière de susciter de l'espoir chez les nouveaux diplômés. Tous ces efforts démontrent que le seul enjeu qui vaut pour les autorités est la participation. Un vote massif sera donc considéré comme un plébiscite pour le pouvoir qui peut se targuer déjà d'avoir réussi un premier examen : celui d'amener presque la quasi-totalité de la classe politique à participer l'élection. Un «succès» qui ne garantit pourtant pas une participation massive des électeurs.