Louisa Hanoune a reconnu que la majorité du peuple est beaucoup plus préoccupée par l'érosion du pouvoir d'achat et des mesures d'austérité que par la participation à ces législatives. Face à une salle pleine, hier, au palais de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa de Constantine, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a été fidèle à son discours critique face à la politique du gouvernement et ses mesures qu'elle a jugées anticonstitutionnelles et impopulaires. «Nous voulons annuler l'Accord d'association avec l'UE qui nous a fait perdre 700 milliards de dinars, alors que nous n'avons rien gagné de la zone arabe de libre-échange», a-t-elle révélé. Louisa Hanoune a avancé le chiffre de 12 000 milliards d'impôts non recouvrés en 2015, ce qui constitue d'énormes pertes pour le Trésor, alors que le gouvernement ne cesse de prendre des mesures d'austérité très sévères pour les simples citoyens. Venue présenter la liste des candidats de son parti à Constantine, elle a reconnu que la majorité du peuple est beaucoup plus préoccupée par l'érosion du pouvoir d'achat et des mesures d'austérité que par la participation à ces législatives. «Cette situation est la conséquence des mesures illégales prônées par le gouvernement qui veut imposer des lois anticonstitutionnelles, comme celles de la santé et du travail qui sont une vraie menace pour les acquis du peuple et des travailleurs», a-t-elle lancé. «Nous respectons la décision de toute personne de participer ou non, car l'abstention est aussi une façon d'exprimer sa colère contre les gouvernants, mais il y a toujours un espoir pour le changement, car les solutions nationales pour empêcher le naufrage du pays existent et peuvent être concrétisées, et nous voulons mobiliser toutes les capacités pour faire face aux partis majoritaires à l'APN, devenus le simple soutien d'un gouvernement qui est responsable de tous les maux que connaît le pays», a-t-elle soutenu. Pour Louisa Hanoune, les vrais députés, dont ceux de son parti, sont ceux qui militent et combattent pour défendre les intérêts du peuple et non de profiter de l'immunité parlementaire pour amasser des fortunes et détourner l'argent du peuple dans l'impunité la plus totale. «Nous voulons des députés qui auront l'audace de demander l'annulation des LFC-2015 et les LF-2016 et 2017, et s'opposeront à toutes les lois qui sont en violation avec la Constitution algérienne, pour livrer les richesses du pays à une majorité oligarchique. Nous voulons des députés qui combattent les atteintes à la liberté d'expression et la liberté de la presse, et qui militent pour libérer la culture de la corruption ; tout cela sera possible avec votre soutien pour une majorité à l'APN qui sera nouvelle, combattante, nationaliste et sincère», a-t-elle clamé. Mainmise de l'oligarchie Par ailleurs, et animant un meeting lundi passé à Batna, Louisa Hanoune s'est longtemps attardée sur la justification de la participation de sa formation aux prochaines législatives. Des élections, déjà entachées, selon elle, par les innombrables scandales des signatures et des listes. «S'ils veulent qu'on discute sur la nature des listes, on le fera. On discutera de la provenance de l'argent utilisé et de la corruption, des scandales qui les ont touchés, mais notre pays passe avant tout ça», a-t-elle affirmé. Dans une salle de la Maison de la culture à moitié vide, elle a tenté d'arranger la chèvre et le chou en dissertant sur le droit des abstentionnistes et en appelant au vote massif : «C'est un droit démocratique. On n'a pas à mettre la pression sur eux ni les insulter. C'est aussi une position politique et une punition contre le non-respect des promesses des élus.» Par ailleurs, elle dénonce l'iniquité dans la couverture médiatique, notamment en ce qui concerne les médias publics : «Ils ont décidé que les médias publics couvriront de manière presque exclusive les partis du gouvernement et ceux de l'allégeance. Nous avons le droit à une couverture tous les deux jours. La commission de surveillance déclare cela naturel et logique. Ce qui confirme que ces élections ne sont ni transparentes ni propres.» Pour ne pas déroger à la règle, elle ne ratera pas l'occasion de pointer le système et ses représentants du doigt les qualifiant d'obsolètes, de dangereux, car inaptes à commander, d'être au service de la minorité oligarchique sauvage, de menaces contre la souveraineté nationale et de nouveaux bachaghas, d'avoir fait que l'Algérie n'ait plus d'identité comme celle qu'elle avait après l'indépendance. Et comme cerise sur le gâteau, elle dira que «le parti du FLN est en totale contradiction avec la Révolution et ses principes».