Les données provenant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sont peu rassurantes quant à l'évolution future des cours pétroliers. Alors que l'OPEP s'attend à une hausse de l'offre pétrolière chez les producteurs non OPEP, l'AIE a, quant à elle, abaissé sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2017, tout en tablant sur une production plus élevée dans les pays n'appartenant pas à l'Organisation, dont les Etats-Unis. Ainsi, l'OPEP devrait subir des vents contraires l'empêchant de cueillir les fruits attendus de la décision de limitation de la production, prise en concertation avec une dizaine de producteurs non OPEP, dont la Russie. Les prévisions d'une hausse de l'offre non OPEP, plus particulièrement aux Etats-Unis, ainsi qu'une demande moins vigoureuse qu'initialement prévue devraient jouer un mauvais tour à l'Organisation, engagée pleinement dans un processus d'absorption des excédents du marché. L'Agence internationale de l'énergie, qui a publié jeudi son rapport mensuel pour mars, anticipe désormais une hausse de 1,3 million de barils par jour (mbj) à 97,9 mbj de la consommation mondiale d'or noir, contre une prévision précédente de +1,4 mbj, tout en prévenant que sa prévision pourrait «se révéler optimiste». Une perte d'appétit est observée chez certains pays développés, dont les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud. Cette prévision d'une demande moins vigoureuse, combinée à une hausse de l'offre chez les producteurs non OPEP, pourrait influencer l'équilibre du marché pétrolier ; un objectif que l'OPEP et ses partenaires se sont fixés au travers des mesures de limitation de la production. Selon les prévisions de l'AIE, les producteurs non OPEP devraient pomper 485 000 barils par jour (bj) de plus cette année, à 58,1 mbj, grâce notamment à une forte reprise de l'activité de forage outre-Atlantique, après un déclin de 790 000 bj en 2016. Le poids de l'offre américaine «La production américaine de brut atteindra 9,5 mbj à la fin de l'année, soit 690 000 bj de plus qu'à la fin 2016», a indiqué le bras énergétique de l'OCDE. De tels niveaux de production pourraient saper les efforts engagés début 2017 par l'OPEP et d'autres pays producteurs dont la Russie pour réduire la production afin d'accélérer le rééquilibrage d'un marché surabondant et de stimuler des cours en berne. Les statistiques de l'AIE lèvent le voile sur un léger recul de l'offre pétrolière mondiale en mars, soit de 755 000 bj, à 95,98 mbj, mais elle reste toutefois supérieur de 195 000 bj au volume produit l'an dernier à la même période. L'OPEP a produit 365 000 bj de moins le mois dernier, à 31,68 mbj, en raison d'un rythme de production moindre en Arabie Saoudite, au Nigeria et en Libye, ces deux derniers pays n'étant pas tenus par la limitation de l'offre. En tout cas, c'est l'offre américaine qui fait avaler des poires d'angoisse aux membres de l'OPEP, dont l'équilibre budgétaire tient à une bonne rentabilité du baril de pétrole. L'activité de forage aux Etats-Unis carbure à plein régime depuis la conclusion par l'OPEP et ses partenaires non OPEP des accords de limitation de production. Ces accords ont donné lieu à une reprise des cours, ce qui a permis aux producteurs américains de pétrole de schiste de mettre à profit cette brèche. Les dernières statistiques de Baker Hughes ont montré que le nombre de plateformes de forage a progressé davantage la semaine dernière. Ceci conduit à un total de 672, un plus haut depuis août 2015, de quoi inquiéter les producteurs engagés dans un effort de réduction de l'offre afin de soutenir les prix.