Le traumatisme psychique touche de plus en plus d'individus dans le monde. Après les pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, où les conflits politiques et le terrorisme font encore d'innombrables victimes, le syndrome d'état de stress post-traumatique touche l'Europe, avec la multiplication des attentats terroristes de ces dernières années. Pour débattre de ce sujet, des psychiatres et experts, venus de neuf pays, se sont regroupés autour d'un séminaire, à la 6e Rencontre internationale de psychiatrie de Béjaïa, qui a été organisée par l'Amicale des psychiatres de Béjaïa, en collaboration avec l'université Abderrahmane Mira au campus d'Aboudaou, du 27 au 30 avril. Le but était de définir et d'éclairer sur des concepts et des notions qui occupent de plus en plus d'espace dans le domaine de la psychiatrie. Il s'agit aussi de trouver à l'issue de cette activité scientifique un processus capable de traiter le syndrome post-traumatique sur le plan clinique et de ne pas se contenter des solutions politiques, lesquelles, parfois, aggravent le cas des victimes du fait de l'injustice qui entache les démarches d'apaisement social qui suivent les conflits. Outre l'éclairage et la définition des concepts de la thématique, qui s'articulent autour de «Emotion, mémoire, trauma : quelles approches du concept, quels liens et quelles interactions ?», le séminaire ambitionne, selon Dr Mahmoud Boudarene, psychiatre de Tizi Ouzou, rencontré à Aboudaou, d'«essayer de voir est-ce qu'il y a des passerelles qu'on peut établir pour la prise en charge après avoir partagé les expériences vécues par différents pays, dont les populations ont connu le traumatisme psychique, généré par les conflits meurtriers à travers le monde». Impasse sur la souffrance des victimes Au bout de ce séminaire, dira-t-il, et des autres rencontres du même type qui auront lieu à l'avenir, «les participants feront le point et détermineront ce qui peut être fait en termes de prise en charge dans l'un ou l'autre pays en fonction des spécificités culturelles de chaque région». Interrogé sur le cas de l'Algérie, le praticien a affirmé que «l'Algérie a connu la même chose lors de la Guerre de Libération, puis lors de la décennie noire et les événements de Kabylie, mais ce n'est qu'après les années du terrorisme (1990-2000) que les gens ont commencé à s'interroger sur l'impact de ces conflits sur la vie psychique de l'individu». Pour lui, «ce qui s'est passé en Algérie, avec la loi de la réconciliation nationale et de la concorde civile, au lieu d'apporter un apaisement dans la société, les pouvoirs publics ont aggravé la situation et le cas des victimes, car la loi a demandé aux gens de pardonner. C'est l'Etat qui a pardonné, contrairement à l'Afrique du Sud, où les bourreaux ont été présentés aux victimes pour demander le pardon. En Algérie, on a fait l'impasse sur la souffrance des victimes».