Les dernières augmentations salariales décidées lors de la réunion tripartite gouvernement-UGTA-patronat « ne sont pas ressenties par les travailleurs du fait de la dégradation du pouvoir d'achat », a déclaré hier le chargé des affaires économiques de l'UGTA, Lakhdar Badredine, lors d'une table ronde sur la revalorisation des salaires, organisée au centre de presse d'El Moudjahid à Alger. Les augmentations annoncées coïncident avec des augmentations des prix du loyer, des fruits et légumes, des transports et de l'énergie, et réduisant de fait le pouvoir d'achat des travailleurs », a indiqué M. Badredine, pour qui la lutte contre la dégradation du pouvoir d'achat passe par la « revalorisation du dinar ». Tout en estimant que la centrale syndicale a « fait le maximum et ne peut donner plus » alors que, dit-il, « les entreprises ne sont pas libres de leurs politiques salariales ». Le représentant de l'UGTA a estimé que « le travailleur algérien est considéré comme un pauvre », même s'il décèle au passage « une volonté politique d'améliorer le pouvoir d'achat ». Abondant dans le même sens, le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger, Redouane Osmane a, dans son intervention lors des débats, jugé les dernières augmentations salariales de « virtuelles » puisque, a-t-il dit, « elles n'ont aucun effet sur le pouvoir d'achat ». Etayant son propos, le SG du CLA a souligné que « le SNMG a été augmenté 10 fois alors que le dinar a été dévalué 80 fois ». Et d'ajouter que les augmentations de salaires doivent être décidées dans le but d'améliorer le niveau de vie des Algériens « sans tricherie », allusion à l'article 87-bis. Redouane Osmane, pour qui « l'enseignant qui touche 240 euros ne peut donner du savoir », a affirmé que les travailleurs sous-payés ont « clochardisé » les lycées. A propos de l'article 87-bis de la loi 90-10 relative au SNMG, le directeur des relations de travail au ministère du Travail et de la Sécurité sociale a indiqué que la loi consacre désormais la négociation collective, même s'il décèle une certaine « rigidité » concernant la Fonction publique, puisque, dit-il, « le régime indemnitaire représente plus de 60% du salaire de base ». Pour lui, la refonte du système actuelobéit aux nouvelles exigences en matière de ressources humaines dans la Fonction publique. Le représentant de l'UGTA a, quant à lui, réaffirmé que la centrale syndicale n'a pas abandonné la revendication de l'abrogation de l'article 87-bis. D'autre part, le chargé des affaires économiques de l'UGTA est revenu sur la saignée que connaissent certaines entreprises algériennes, notamment dans le secteur pétrolier, et dont les cadres notamment sont attirés par les salaires très motivants des entreprises étrangères. « Si nous continuons comme ça, a-t-il relevé, beaucoup d'entreprises algériennes ne pourront plus fonctionner faute de cadres gestionnaires », préconisant un « système salarial qui rémunère les compétences ». Pour sa part, Fodhil Zaïdi, représentant du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, a considéré que la politique salariale doit tenir compte de la productivité et de la performance des entreprises. Enfin, et à propos de la revendication de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) d'une augmentation pour l'ensemble des pensions de retraite sur la base du SNMG, M. Zaïdi a expliqué que ceux qui partent en retraite de leur propre gré ne seront pas concernés puisque, dit-il, « ce sont généralement ceux qui ont des aptitudes à travailler ailleurs pour améliorer leurs cadre de vie qui partent ». Et de relever que celui qui a comptabilisé à son actif 32 ans de service et celui qui a choisi un départ volontaire ne peuvent être mis sur un pied d'égalité.