Lancé en 2005, le combat des anticolonialistes avance et prend de l'ampleur. Des intellectuels, des femmes et hommes des arts et des lettres, des élus de gauche et de droite, ainsi que des citoyens anonymes s'impliquent directement. Pour la troisième année consécutive, les collectifs L'Autre 8 Mai 1945 et Sortir du colonialisme remettent sur la voie publique française la question de la reconnaissance par l'Etat français des massacres commis en son nom à Sétif, Guelma, Kherrata, Bouandas, Beni Aziz, Aokas, Aïn Abassa, Amoucha et dans beaucoup de localités du Nord constantinois, où les stigmates de la tuerie collective demeurent visibles, 72 ans après. Perpétrée à huis clos, la boucherie est désormais exhumée de l'autre côté de la Méditerranée, où les voix des progressistes qui militent pour le vivre-ensemble, le dépassement du passé colonial et le rétablissement de relations apaisées entre les deux pays se font entendre. Lancé en 2005, le combat de ces anticolonialistes avance et prend de l'ampleur. Des intellectuels, des femmes et hommes des arts et des lettres, des élus de gauche et de droite, ainsi que des citoyens anonymes s'impliquent directement. Les marches et les rassemblements organisés à Paris et dans de nombreuses villes françaises, les projections de films, la diffusion de livres, les colloques animés et appuyés par la Ligue des droits de l'homme et des historiens des deux rives ont non seulement fait avancer les choses, mais aussi permis de lever le voile sur une partie de la répression qui a frappé des populations entières du Nord constantinois de mai à juillet 1945. Comme l'Etat français rechigne à reconnaître officiellement les crimes commis en son nom, les collectifs précités persistent et signent. Si bien que décision a été prise d'organiser un colloque international qui a réuni, hier à Paris, des historiens algériens et français appelés à remettre sur le tapis le problème de la reconnaissance par la France de la répression du 8 Mai 1945 et des autres crimes qui ont jalonné son histoire coloniale. Organisé en partenariat avec le média en ligne Mediapart et le quotidien El Watan, le colloque coïncide avec le deuxième tour de l'élection présidentielle française, où la question mémorielle est présente dans les débats. Notons à toutes fins utiles que le candidat d'En marche !, Emmanuel Macron, qui avait dit dernièrement à Alger : «Oui, il y a bien eu un crime contre l'humanité durant la période coloniale en Algérie par l'armée française», n'a toujours pas signé l'appel «Pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France» lancé en janvier dernier par l'historien Olivier Le Cour Grandmaison, le président du Conseil représentatif des associations noires, Louis-Georges Tin, et M'hamed Kaki, fondateur de l'association Les Oranges…