La situation de l'entreprise est dans le rouge depuis trois ans, mais l'Etat n'a rien fait, malgré les nombreux dossiers et correspondances de la direction et de la section syndicale, restés à ce jour sans écho. La veille du 1er mai, vers 9 heures, les travailleurs de l'usine de céramique de Guelma (ETER-Algérie-SPA) ont manifesté, pour la énième fois, leur réprobation et amertume aux portes du complexe, situé sur la route de Belkheir, pour ensuite marcher en direction du siège de la wilaya de Guelma. Ils ont interpellé à l'unisson Me Fatma Raïs, wali de Guelma, mais surtout Abdelmalek Sellal, Premier ministre et Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines pour ce qu'ils appellent «un démantèlement programmé de l'usine». Leur message est clair et sans équivoque. «Après la vente aux enchères publiques de tout le matériel de production de l'usine, le complexe risque à tout moment de subir une résiliation de l'énergie électrique après celle du gaz, pour non-paiement des fractures», déclare à El Watan le secrétaire général de la section syndicale affiliée à l'UGTA. Et de poursuivre : «Nous savons que l'actionnaire majoritaire qui est un italien (ETER-Italie-SPA), a été liquidé par la justice italienne. Donc, cette entité n'existe plus. Comment se fait-il qu'elle existe encore chez nous ? Nous demandons l'intervention immédiate du ministre de l'Industrie et des Mines pour prendre les mesures qui s'imposent, en l'occurrence le droit de préemption de l'Etat, pour sauver ce que nous pouvons sauver et nous sommes sans salaire depuis quatre mois. Il est certain que la situation financière de cette ex-Entreprise publique (ECVE-Guelma) cédée à l'italien en 2007, est aujourd'hui dans le rouge. Oui, nous sommes dans le rouge depuis plus de trois années et nos dettes s'élèvent à plus de 150 milliards de centimes. Nous avons un cumul de un million de dinars de factures d'électricité et nous sommes sous le coup d'une résiliation. Le gaz nous a été coupé depuis», déclare la directrice du complexe et de conclure : «Il y a eu la vente aux enchères publiques du matériel et aujourd'hui la justice ordonne la vente du matériel en leasing de la BNP en faveur des retraités. Il est question aussi d'indemnité de départ pour 41 demandeurs.» Beaucoup d'énigmes Le 19 septembre 2007, une étude notariale à Staouéli (wilaya d'Alger) a été ratifiée par, d'un côté le PDG de l'ECVE, agissant pour le compte de l'Entreprise de céramique de l'est (EPE/SPA - ECV.EST) dont le siège, à l'époque, se trouvait à Constantine, et d'autre part, par le représentant d'une Société à responsabilité limitée ETER SRL, sise en Italie (Modena). Cette étude, dont El Watan détient une copie, fut consacrée au bail de location de l'assiette foncière de l'unité de céramique de Guelma à l'italien ETER s'étalant sur un terrain de 79 640 m2, dont les bâtiments occupent au total 34 901 m2. Fixé pour une durée de 20 ans, c'est-à-dire du 19-09-2007 au 18-09-2027, le montant du bail est convenu à «l'équivalent en dinars algériens de 50 000 euros les cinq premières années, 100 000 euros les cinq années suivantes et 160 000 euros les dix dernières années», en précisant que «l'entreprise locataire s'engage à s'acquitter du loyer de chaque année dans un délai maximum fixé au dernier mois de ladite année. A défaut de paiement, à l'échéance fixée, la résiliation dudit bail est conduite de plein droit. La société est régie par le droit algérien conformément aux dispositions du Conseil de participation de l'Etat n°04-73 du 19 décembre 2006 portant privatisation de l'unité de fabrication de céramique de l'Est». Dans ce contexte bien précis, la PDG de l'usine avance : «C'est un grand point d'interrogation ici à Guelma, l'actionnaire majoritaire (l'Italien), en somme le locataire, n'a, me semble-t-il, jamais payé la location de l'assiette foncière.» Quoi qu'il en soit, la situation qui prévaut à l'usine de céramique de Guelma est truffée d'énigmes, d'autant que ceux qui sont chargés de faire appliquer les lois de la République font l'autruche. En attestent les nombreux dossiers et correspondances, émanant de la direction de l'usine, ou de la section syndicale, qui ne trouvent toujours pas un écho probant. Même le jour du sit-in, les deux représentants de l'usine n'ont pas été reçus par le wali de Guelma, mais par le délégué à la sécurité de la wilaya et le directeur de l'industrie et des mines. Sans commentaires !