Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale libyen, Fayez Al Sarraj, a mis en avant, lors de sa visite hier à Alger, «les relations étroites qui lient la Libye et l'Algérie», en témoigne, a-t-il ajouté, «le succès de la visite du ministre algérien, Abdelkader Messahel, en Libye». «Cette démarche (visite de M. Messahel) a été favorablement accueillie et saluée, car elle reflète les relations étroites entre les frères arabes», a indiqué M. Al Sarraj dans une déclaration à son arrivée à Alger, pour une visite de travail. Il répond ainsi au membre de la Chambre des représentants libyenne qui avait qualifié dimanche d'«ingérence» la récente visite de M. Messahel dans le sud de la Libye. S'exprimant sur le but de sa visite à Alger, le responsable libyen a affirmé qu'«elle s'inscrit dans le cadre des rencontres continues entre l'Algérie et la Libye», se félicitant par la même des «efforts de l'Algérie visant à trouver des solutions efficientes à la crise en Libye». Il a également indiqué qu'il était venu à Alger pour examiner «plusieurs questions importantes» lors de ses rencontres avec les responsables algériens, dont Abdelmalek Sellal avec lequel il s'est entretenu sur «les derniers développements survenus dans ce dossier». Fayez Al Sarraj est le deuxième responsable libyen à dénoncer la sortie intempestive du parlementaire libyen. Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Taher Siala, a soutenu lors d'une conférence de presse animée lundi à Alger, en marge de la réunion des pays voisins de la Libye, que cette réaction n'avait pas lieu d'être, puisque M. Messahel avait eu l'aval des autorités libyennes pour se rendre dans le Fezzan. «Abdelkader Messahel est le bienvenu chez nous», a-t-il insisté. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes a tenu, de son côté, à préciser que l'Algérie ne s'était à aucun moment ingérée dans les affaires internes de la Libye et que tout avait été organisé de concert avec le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale. Le responsable algérien a indiqué, par ailleurs, que seule la réconciliation en Libye tenait à cœur à l'Algérie. «On n'a aucun problème avec les Libyens, la visite a été très utile. Les seules initiatives que l'Algérie a entreprises jusque-là, sont liées à l'aide humanitaire en médicaments, denrées alimentaires, des initiatives entreprises à chaque fois en coordination avec les autorités compétentes», a-t-il assuré. «Que ce soient les visites en Libye ou les aides humanitaires, nous faisons appel aux autorités reconnues par les Nations unies, dont le Conseil présidentiel libyen», a encore ajouté M. Messahel. La visite à Alger de Fayez Al Sarraj intervient dans un contexte de rapprochement entre le gouvernement d'union nationale et les autorités de Tobrouk. Les deux parties ont fini par s'entendre, le 2 mai à Abu Dhabi, sur la nature des amendements à apporter à l'accord politique interlibyen signé en décembre 2016. L'Algérie a beaucoup contribué à convaincre Tripoli et Tobrouk de reprendre les discussions en vue de trouver un consensus sur la révision de cet accord. A une question justement sur les principaux amendements relatifs à certains points de l'accord politique signé en décembre 2015, M. Siala avait jugé lundi «prématuré» de parler de la substance des amendements à introduire. Il a toutefois indiqué qu'il existait «des indices quant à la nécessité de revoir la composante du Conseil présidentiel et de procéder à la séparation entre le Conseil présidentiel et le Conseil des ministres, outre certains amendements sans grande importance». Parlant de «simple opération chirurgicale», le responsable libyen a fait savoir que l'application de l'accord en question a démontré en peu de temps que «certains amendements s'imposent». «Les amendements à introduire seront définis, eux, par le mécanisme prévu dans l'accord politique», a-t-il poursuivi avant de préciser qu'il existait une commission dont une partie sera choisie par le Conseil des députés et une autre par le Haut conseil d'Etat. «Celle-ci se penchera sur l'examen des amendements requis pour enfin les soumettre au Conseil des députés pour adoption», a encore dit M. Siala.