Pour le recrutement d'un peu plus de 10 000 enseignants à travers le pays, en prévision de l'année scolaire 2017/2018, seuls 57 postes sont revenus à l'enseignement de tamazight. Décidément, le gouvernement reste de marbre face aux appels insistants pour une «officialisation effective» de tamazight. Pire, il semble s'enfoncer dans la discrimination de cette langue qu'il a reconnue du bout des lèvres dans la nouvelle Constitution d'il y a un peu plus d'une année. La preuve, pour le présent concours organisé par le ministère de l'Education nationale aux fins de recruter un peu plus de 10 000 enseignants à travers le pays, en prévision de l'année scolaire 2017/2018, seuls 57 postes sont revenus à l'enseignement de tamazight. Le Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), tout en relevant la contradiction entre le discours et l'acte, dénonce et évoque une «catastrophe». «Les masques sont tombés, le jeu du ministère de l'Education nationale et du pouvoir quant à sa prétendue volonté d'appuyer et de promouvoir l'enseignement de tamazight est mis à nu. On dit que la nouvelle Constitution a consolidé les constantes nationales, dont tamazight est l'un des pivots, mais il s'avère qu'il s'agit d'une catastrophe, au regard des 57 postes qui sont réservés à cette langue dans les 3 paliers, répartis, de surcroît, principalement entre les wilayas de la Kabylie», a déclaré Nabil Ferguenis, chargé de communication du syndicat, contacté par téléphone. «Le pouvoir, à travers le ministère de l'Education, ne semble pas tirer les leçons des différentes crises vécues dans le pays — en l'occurrence le Printemps berbère, la Grève du cartable et le Printemps noir — marquées par des morts, des blessés et tant de sacrifices», regrette-t-il. Il ajoute qu'«à l'évidence, la question de tamazight est purement politique et il n'y a aucune volonté pour l'officialiser effectivement». Et d'affirmer : «Nous attendons la réaction de ceux qui ont participé aux élections législatives au nom de la Kabylie, du moment que le pouvoir a décidé de cloisonner tamazight dans cette région.» Outrée par l'attitude du ministère de l'Education, la Coordination nationale des enseignants de tamazight (CNET), créée il y a une année, dénonce un «concours de la honte», prévu pour le 29 juin prochain. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, la Cnet ironise : «Le meilleur hommage que le pouvoir puisse rendre à Mouloud Mammeri à l'occasion de son centenaire, c'est ce nombre insignifiant de postes budgétaires qui exclut tamazight de la quasi-totalité des écoles du pays.» Faisant état de plus de 5000 diplômés en tamazight au chômage, la Coordination affirme que ces derniers «ont perdu tout espoir de se faire recruter», dénonçant «non seulement l'absence de volonté de généraliser l'enseignement de tamazight, mais aussi un plan diabolique visant à ghettoïser et faire disparaître la plus ancienne langue d'Afrique du Nord».