Comme attendu, l'Opéra Boualem Bessaïeh a affiché complet, lundi soir, lors de la première représentation des Noces de Figaro. C'est dire que les Algériens sont avides de ce genre de spectacle, à savoir le chant lyrique. Un personnage loufoque - incarné par Pierre-Yves Binard - habillé d'une tenue d'époque fait son apparition avec un micro à la main. Ce narrateur revient sur le riche parcours de ce compositeur universel, lequel a composé 625 œuvres en 35 ans. Place ensuite au spectacle, qui durera deux heures et demie, entrecoupé par un entracte d'un quart d'heure. Ainsi, l'opéra Noces de Figaro, qui a été présenté dans sa quasi-intégralité, est en fait la suite du spectacle Le Barbier de Séville. En effet, Les Noces de Figaro est une opéra de Mozart, sur un livret en italien de Lorenzo da Ponte, inspiré de la comédie de Beaumarchais Le Mariage de Figaro. Sous une lumière feutrée, l'orchestre de l'Opéra d'Alger - installé dans la fosse - propose un prélude musical des plus enchanteurs, et ce, sous la direction du maestro Amine Kouider. Le rideau se lève sur le premier acte du spectacle. Le décor est des plus simples. On y retrouve trois fauteuils recouverts d'un drap blanc, un porte-manteau et une tête de mannequin. Le décor donne d'autres ramifications en hauteur, à savoir sur une projection d'images sur grand écran. La scène se passe à la fin du XVIIIe siècle au château Almaviva, près de Séville. Figaro, valet du comte, et Suzanne, camériste (gouvernante) de la comtesse Almaviva, s'apprêtent à convoler en justes noces. Grand séducteur, le comte Almaviva s'éprend de la camériste. Le futur couple devra avoir recours à la malice pour déjouer les pièges de ce comte volage. Figaro se montre prudent face aux coups bas de la gouvernante Marcellina, du maître de musique Basilio et du médecin Bartolo. Chérubin, page du comte, est lui aussi un coureur de jupons. Il surprend le comte en train de faire des avances à Suzanna. Le comte décide de l'éloigner du château en l'envoyant rejoindre les rangs de l'armée. Deuxième acte : changement de décor. La comtesse est assise sur un fauteuil avec un miroir entre les mains. Elle se lamente sur son sort. Figaro propose d'échafauder un plan en direction du comte. A l'aide d'un billet, il fait croire au comte que son épouse a un rendez-vous avec un amant fictif, le soir même dans le jardin du château. Troisième acte : le décor laisse apercevoir six chandeliers, posés à même le sol et deux fauteuils. Suzanna accepte l'invitation du comte dans le jardin. D'autre part, Figaro découvre que ses parents ne sont autres que la gouvernante Marcellina et Antonio, jardinier du comte et oncle de Suzanna. Quatrième acte : le spectateur est introduit dans le sombre jardin du château, lieu de la confrontation et de la vérité. Pour déjouer le jeu de son mari, la comtesse se substitue à la camériste. Le comte est pris dans son propre piège, car au lieu de surprendre son épouse pour adultère, il se fait épingler. Les noces de Figaro et de Suzanne se déroulent comme convenu, mais avant, le comte a imploré son pardon. Cet opéra en quatre actes, merveilleusement interprété par une dizaine de personnages aux tessitures spécifiques au chant lyrique, a donné une note d'originalité en intégrant quelques mots en arabe dialectal. Des interventions sporadiques que le public algérien a beaucoup appréciées. Chapeau bas, également, pour la chorale algérienne, composée d'Ibtissem Amrane, Anissa Hadjarssi, Asma Maouche, Hadj Aïssa Amara, Adel Brahimi et Zohir Mazari. Rencontré juste après le spectacle, le metteur en scène, Olivier Tousis, a estimé : «C'est formidable d'avoir réussi à créer un si beau spectacle avec des moyens locaux. Tous les techniciens sont des gens que je connais et avec qui j'ai une excellente collaboration. Ils se sont adaptés. On aurait aimé avoir un peu plus de temps pour les répétitions. Les Noces de Figaro est une œuvre qui est avant tout une aventure humaine.» De son côté, le directeur artistique de l'Opéra d'Alger, Amine Kouider, s'est félicité de cette première représentation, où l'harmonie a régné en maître entre les musiciens algériens de l'Opéra et les musiciens étrangers. «Nous avons été, dit-il, ravis d'avoir joué devant 1500 personnes, nombre de places que l'Opéra compte. C'est vraiment un grand plaisir que d'avoir affiché complet. Cela veut dire que tout le travail que nous sommes en train de faire est payant. Le public algérien est un bon connaisseur qui aime la musique et l'opéra. Il est vrai que nous sommes en train d'apprendre par rapport à ce qui est technique, la coordination entre les équipes. C'est un travail harassant qui a fait ses preuves ce soir». Le maestro promet que des opéras algériens seront à l'honneur, où des contes algériens seront mis en musique.