Encore un nouveau cas de violence dans l'enceinte de l'université. Cette fois-ci, il s'agit du campus universitaire de M'sila, où un enseignant, chef de spécialité Master Trafic Urbain à l'UGTU, a été tabassé par 3 étudiants membres d'une organisation estudiantine baptisée Solidarité nationale étudiante. Il a perdu connaissance sur les lieux et a été transporté en urgence à l'hôpital Zahraoui, où il a passé toute une nuit au service des soins intensifs et actuellement il est sous observation. Jusqu'à ce que nous mettions sous presse, ce cinquantenaire n'a toujours pas regagné son domicile. Quelques jours auparavant, 3 enseignants ont subi le même sort, parmi eux le chef du département des sciences économiques. Les fait remontent au 17 du mois en cours : des étudiants ont usé de violence pour perturber le déroulement des examens, puis sont passés carrément à l'agression physique des enseignants et du chef du département, les menaçant de poursuivre leurs actes en dehors de l'enceinte de l'université. «Pourquoi ?» Les raisons sont simples mais graves, répond Mohamed Diab, coordinateur de la section syndicale du CNES à l'université de M'sila. «Nous assistons à un véritable phénomène de banditisme dans l'enceinte de notre campus, où, sans exagération aucune, des milices se forment en organisations estudiantines agréées qui font systématiquement appel à la violence contre les enseignants, dans le but de les provoquer, installer un climat de terreur et bénéficier de traitement de faveur et avoir les meilleures notes sans fournir aucun effort. En imposant cette nouvelle loi illégitime, les enseignants ont aujourd'hui peur, de même que les agents chargés de la sécurité des lieux». En soutien à leurs collègues victimes, la section syndicale du CNES de l'université de M'sila a fait appel à tous ses adhérents ainsi qu'à ceux des autres sections syndicales pour tenir un sit-in devant le rectorat du nouveau pôle universitaire. Ce mouvement de protestation et de colère qui s'est tenu hier a été confronté à un autre, mais tenu cette fois par les organisations estudiantines accusées de ces méfaits. Selon, Diab Mohamed, il n'y a pas eu d'altercation, mais cette attitude de la part des étudiants agresseurs a pour but de tourner la situation en leur faveur. Le CNES exige aujourd'hui une commission d'enquête, mais surtout le lancement d'une poursuite judiciaire à l'encontre des agresseurs pour qu'ils soient présentés devant les conseils de discipline. Pour rappel, l'incident de M'sila n'est pas unique, il a été précédé de plusieurs cas de violence similaires, dont le plus connu est celui survenu le 17 février dernier, où un groupe de jeunes munis d'armes blanches ont agressé des professeurs de l'université Alger 3 pendant qu'ils tenaient une réunion pour l'installation d'un bureau du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES). Une attitude qui est jugée complètement étrangère à l'université algérienne, mais qui semble gagner du terrain dans le silence absolu du ministère de tutelle.