Le Conseil national de l'enseignement supérieur, CNES, appelle la communauté universitaire à observer, aujourd'hui, mercredi 24 mai, un sit-in pour dénoncer la violence dont a été victime un enseignant à l'université de M'Sila. Selon le coordinateur du CNES, issu du congrès de Constantine : « Devant cette violence croissante dans les franchises universitaires, le CNES appelle à une journée nationale de protestation et de solidarité dans tous les campus du pays, ce mercredi, devant les rectorats, à partir de 9 h.» Tout en interpellant les ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l'Intérieur et de la Justice «à assumer leurs responsabilités», le syndicat a qualifié de «grave précédent» ce qui vient de se passer à l'université de M'Sila. Un enseignant à l'Institut de gestion des techniques urbaines de l'université de M'sila, Mohamed Mili, a été sauvagement agressé par un groupe d'étudiants déchaînés, dimanche dernier, dans l'enceinte même de l'institut. «C'est un grave précédent à l'échelle de l'université algérienne qu'un enseignant, Mohamed Mili, soit victime d'une lâche agression de la part d'un groupe d'étudiants qui voulaient vraisemblablement attenter à sa vie. L'agression était d'une telle violence qu'il est tombé dans le coma et est toujours admis au service de réanimation de l'hôpital», peut-on lire dans le communiqué du Conseil national des enseignants du supérieur. Le coordinateur, Abdelhafid Milat, relèvera un autre incident similaire survenu quatre jours auparavant dans la même université. La victime n'est autre que le chef du département Economie de la faculté des sciences économiques et commerciales, Zoheir Ammari,qui a été lui aussi «tabassé» par des étudiants. FACE À L'IMPUNITE Mais au-delà de ces déplorables cas d'agression, le CNES veut alerter l'opinion publique et les responsables sur le phénomène de la violence qui, sournoisement, a émaillé la vie universitaire ces dernières années. Et il était temps. Depuis quelque temps, les confrontations sur les campus ne se limitent plus aux passes d'armes. Un cran dans la violence a été franchi et on en vient aux mains. Les affrontements entre étudiants, groupes d'étudiants ou organisations estudiantines sont devenus courants à travers plusieurs enceintes universitaires, en raison du laxisme affiché par certains responsables. Et les exemples sont légion. L'université de Batna est devenue le théâtre d'affrontements épisodiques depuis plusieurs années. Le dernier fait en date est celui du 25 avril dernier, où des affrontements entre étudiants de la faculté de biologie et la faculté des sciences de l'information et de la communication de l'université de Batna, à coups de bâtons et de pierres, ont fait neuf blessés. Le conseil de discipline a été convoqué, mais pas de sanctions exécutoires. A rappeler aussi qu'en février dernier, à l'université d'Alger, un groupe d'étudiants à fait irruption dans la salle où se déroulait l'installation du bureau du CNES, issu du congrès d'Alger, pour une tentative d'interrompre cette réunion. Deux enseignants furent blessés et aucune arrestation. L'impunité n'encourage-t-elle pas la récidive ?