Cet automne, la grisaille a quelques fois été au rendez-vous mais la pluie n'a pas suivi. Le plus décourageant pour les agriculteurs de la région de Béjaïa est la persistance de la canicule avec toute une contingence d'incendies (une centaine jusque-là). Même si elle demeure inquiétante, la situation n'est pas, pour l'instant, aussi alarmante laisse-t-on dire au niveau de la direction des services agricoles et de la Chambre de l'agriculture de la wilaya. Les secteurs, qui en ont subi les affres, sont à un premier degré l'oléiculture, l'apiculture et, à moindre échelle (pour le moment), la céréaliculture. De l'avis de nombreux oléiculteurs, la production d'huile cette année ira vers son niveau plancher. On s'attend à un rendement en deçà des 10 quintaux à l'hectare, soit un résultat inférieur aux 11,5 q/ha de l'année 2005 et aux 29 q/ha de l'année phare 2004. L'apport en eau nécessaire pour le gonflement du fruit a fait défaut, nous explique-t-on. A cela s'ajoute une chute du fruits provoquée par l'assèchement sous l'effet du hâle. Une bonne partie de la récolte a été abrégée par les 441 hectares d'oliveraies partis en fumée dans les incendies. Le plus gros désastre, rappelons-le, concerne El Kseur et Toudja où on a dénombré respectivement 95 et 85 ha d'oliviers brûlés. Les feux n'ont pas épargné les apiculteurs. 683 ruches de montagne pleines, 319 ruches vides et 230 ruches traditionnelles sont réduites en cendres. La filière des céréales attend impatiemment la pluie. Un déficit de précipitations de 200 à 230 mm (moyenne de l'apport automnal) est enregistré. La majorité des céréaliculteurs temporise et hésite. Elle opte pour des ensemencements tardifs. Les labours d'automne n'ont touché que 1314 ha alors qu'habituellement à pareille époque, ce sont environ 500 ha qui subissent l'opération, soit un retard de près de 70%. Ceux donc qui ont semé précocement s'inquiètent. Comme le fruit noir, le grain de blé a également besoin d'eau pour gonfler. Ils encourent du fait de l'absence de pluies, l'éventuelle obligation d'un réemblavement. La fin de la campagne de labours-semailles n'est que pour le 15 janvier mais la dissuasion peut effleurer les esprits car un emblavement tardif exige l'usage des semis tardifs et de l'engrais foliaire, une technique qui coûte relativement cher. Et plus on tarde, plus on diffère les risques : la plantation céréalière demande un arrosage cyclique. Elle profite des pluies d'octobre à décembre pour la germination et le développement du grain, des pluies de février à avril pour le tallage et au printemps pour la nouaison et le développement du grain. Une perturbation du cycle ne fait alors que compromettre la maturation et la formation du grain. A relever dans cette « grisaille », des prévisions optimistes dans la filière des agrumes. L'irrigation consentie depuis le mois de juin y est pour beaucoup. l'avis est donné aux oléiculteurs.