Pour Ahmed Ouyahia, ce débat auquel il appelle «servira à parler du sort du peuple algérien». Le premier responsable du RND n'a pas caché ses craintes concernant l'avenir de l'Algérie. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, appelle à un débat économique national pour trouver les solutions idoines à la crise financière qui secoue le pays. «Au RND, on plaide pour un débat national économique et social pour bâtir un consensus qui dépasse un front de deux ou trois partis politiques», a indiqué M. Ouyahia lors d'une conférence de presse qu'il a animée au lendemain de la fin des travaux du conseil national du parti. «Il n'y a jamais eu de débat national économique ouvert. Il y a eu plutôt des débats d'experts», a-t-il précisé. Pour Ahmed Ouyahia, ce débat auquel il appelle «servira à parler du sort du peuple algérien». «Il y a des formations politiques avec lesquelles il est définitivement clair que nous ne pouvons jamais contracter une espèce de coalition ou d'alliance, mais il n'en demeure pas moins que ce sont aussi des Algériens comme nous», a-t-il souligné tout en rappelant qu'«il n'y a pas eu auparavant de débat économique et social, à l'exception de celui qui a été confié à des experts». Le premier responsable du RND n'a pas caché ses craintes pour l'avenir de l'Algérie. «Si on ne se remet pas debout sur le plan économique, on risque de se retrouver en 2024-2025 sous la coupe du FMI et ce sera la tronçonneuse», a averti le patron du RND qui a insisté sur l'entame de véritables réformes. «Des réformes qui peuvent choquer, à l'instar des privatisations, mais qui s'imposent dans ce contexte de crise qui ne cesse de s'aggraver», a-t-il soutenu. Ahmed Ouyahia estime que les privatisations doivent toucher un certain nombre d'entreprises publiques dont la situation financière se détériore en raison des problèmes liés au plan de charge et à la gestion. Il cite, entre autres, des hôtels et des minoteries qui doivent être rachetés par des nationaux. Benyounès mis en cause Le secrétaire général du RND est revenu, par ailleurs, sur le nouveau gouvernement et l'affaire du limogeage du ministre du Tourisme 48 heures après sa nomination. Ahmed Ouyahia a tenté de minimiser cette affaire, arguant que ce dysfonctionnement pouvait arriver dans n'importe quel autre pays. En livrant son explication, le patron du RND a accusé indirectement et sans le nommer le président du MPA d'avoir abusé de la confiance de l'Exécutif en proposant le nom de Messaoud Benagoune. Ouyahia parle d'une faille de confiance. «Il y a eu une faille de confiance. Mieux, il n'y a même pas eu d'enquête d'habilitation. Certaines parties parlent d'un scandale, alors que l'Etat a fait convenablement son travail», confesse M. Ouyahia qui a refusé d'attribuer cette faille au président de la République. «Bouteflika est le chef de l'Etat et je vous rassure qu'il gère le pays et nomme certes le gouvernement. Seulement, les enquêtes sur les fiches d'habilitation ne relèvent nullement de ses prérogatives», a-t-il précisé. Le secrétaire général du RND avoue, en outre, n'avoir reçu aucune proposition pour le poste de Premier ministre, se disant «honoré» du poste qu'il occupe actuellement à la présidence de la République pour être au service du chef de l'Etat. Il confirme, par contre, avoir reçu dans son bureau à la présidence de la République le Premier ministre sortant, Abdelmalek Sellal, «à la demande de ce dernier» avant l'annonce du nouveau gouvernement. Dans le même sillage, le secrétaire général du RND a démenti la rumeur selon laquelle il avait perdu sa qualité de ministre d'Etat lors du dernier changement de gouvernement. Il a même assuré que seuls lui-même et Tayeb Belaïz ont actuellement le titre de ministre d'Etat et conseiller du chef de l'Etat. «Je suis toujours ministre d'état» «Aucun décret présidentiel annulant le poste de ministre d'Etat n'a été publié jusqu'à présent», dira-t-il. A la question de savoir s'il était déçu par la réduction du nombre de ministres RND dans le nouveau gouvernement alors que le parti a amélioré sensiblement son score lors des législatives, M. Ouyahia a eu cette réponse : «Le RND ne négocie pas une part de gâteau. Nous soutenons le président de la République dans le cadre d'un contrat de soutien politique. Que nous soyons 4 ou 8 ministres, la négociation n'est pas dans la culture de notre parti.» Pour M. Ouyahia, c'est le Président qui nomme et démet les ministres. «Il y a eu un changement de gouvernement et la nomination d'un gouvernement technocrate n'est ni un coup dur pour le RND ni pour les autres partis politiques», se défend-il. Sur ses ambitions politiques, le directeur du cabinet de la Présidence a précisé qu'elles ne sont pas à l'ordre du jour. Selon lui, la campagne électorale pour les dernières législatives n'était pas une précampagne présidentielle, mais elle avait pour but de servir son parti et de l'aider à améliorer son score.