Elle est aussi indispensable que le calcium pour la croissance osseuse pendant l'enfance et l'adolescence, l'apport en vitamine D est essentiel pour le développement du corps humain. L'adolescence est la phase la plus importante dans cette évolution, puisque 90% du pic de masse osseuse est acquis à l'âge de 20 ans, d'où l'importance de l'optimisation de l'apport en cette vitamine. De ce fait, «l'amputation de ce capital osseux freine la croissance osseuse et favorise la perte osseuse à l'âge adulte avec le risque de survenue, à long terme, de l'ostéoporose», avertit le docteur Samia Sokhal, maître-assistante en pédiatrie à la faculté de médecine d'Alger, dans sa thèse de doctorat intitulée «Prévalence et évaluation des facteurs de risque de l'hypovitaminose D chez les adolescents scolarisés dans la daïra de Sidi M'hamed». Notons qu'il y aurait plus d' un milliard d'individus dans le monde, dont 50% d'adolescents, qui seraient touchés par l'hypovitaminose D. «Selon l'international osteoporosis foundation (IOF), elle est devenue un véritable problème de santé publique. D'une part, elle retentit sur la minéralisation osseuse à l'origine du rachitisme carentiel chez l'enfant et de l'ostéomalacie chez l'adulte. D'autre part, elle constitue un risque ultérieur d'ostéoporose responsable de plusieurs états morbides», note l'étude. L'insuffisance vitaminique D présente plusieurs facteurs de risque qui sont liés à l'indice de masse corporelle, l'activité physique et l'exposition solaire. Ou encore qui ont un lien direct avec le sexe, la puberté, le lieu de résidence, la forte pigmentation de la peau, les habitudes socioculturelles et les facteurs génétiques. Aujourd'hui, la prévalence du déficit en vitamine D s'accroît dans le monde. L'Algérie, bien qu'elle soit un pays fort ensoleillé, ce qui est censé être une source intarissable de cette vitamine, est aussi concernée par l'hypovitaminose D, puisqu'il est noté une forte prévalence de l'insuffisance en vitamine D de 89% chez les femmes ménopausées. De même, chez les enfants et adolescents de 5 à 15 ans scolarisés, le chiffre global de l'insuffisance en vitamine D est de 71,31%, révèle l'étude, et ce, malgré le manque d'informations et de données nationales sur ce phénomène de santé publique. Face à cette carence, en termes d'information, le docteur Sokhal Samia présente une enquête de terrain pour évaluer la prévalence de cette défaillance vitaminique chez les adolescents dans la région d'Alger, et plus particulièrement dans la daïra de Sidi M'Hamed. «L'objectif principal est de déterminer la prévalence de l'hypovitaminose D chez les adolescents et adolescentes de 11 à 18 ans, scolarisés dans cette daïra. Les objectifs secondaires consistent à identifier les facteurs de risque potentiels, à évaluer la ration calcique journalière et à disposer d'une base de données pouvant servir à d'autres études nationales, voire internationales», écrit le docteur en poursuivant : «La problématique de notre étude est certes de déterminer la prévalence de l'hypovitaminose D et d'évaluer les facteurs de risque du déficit en vitamine D chez les adolescents scolarisés, mais aussi d'estimer si les apports vitaminiques et calciques reçus sont suffisants ou s'il est nécessaire de proposer une supplémentation en plus de celle du programme national de lutte contre le rachitisme carentiel.» Dans cette étude, le docteur se fixe un double palier d'objectifs, l'un principal, et l'autre réservé aux objectifs secondaires. Si l'objectif principal est de déterminer le statut de la vitamine D chez les adolescents âgés de 11 à 18 ans, les autres ont trait à l'évaluation de la ration calcique journalière, l'identification des facteurs de risque associés à la déficience en vitamine D et l'évaluation de l'état nutritionnel et le stade pubertaire, entre autres. Sélectionnant un échantillon de plus de 422 adolescents inscrits dans les 29 collèges et 11 lycées objets du sondage, l'étude conclut que la prévalence de l'hypovitaminose D est de 74% chez les adolescents algériens, dont 54,5% sont en insuffisance et 19,5% en simple carence en cette vitamine indispensable. «Ces chiffres élevés nous interpellent, car ils se situent dans les moyennes des pays européens, asiatiques et du Moyen-Orient…Cette prévalence augmentée, implique que l'hypovitaminose D peut être considérée comme un problème de santé publique dans note pays, bien que ces résultats ne concernent que la daïra de Sidi M'Hamed. Par ailleurs, elle pourrait être une source de complications osseuses susceptibles de compromettre la santé des adolescents à long terme», analyse Dr Sokhal Samia. Pour plus de détails, l'étude confirme que les facteurs de risque de l'insuffisance et de la carence sont ceux classiques à savoir : la prévalence de l'hypovitaminose D est significative en dessous de 14 ans, prédominance significative chez les filles, l'obésité, le manque d'activité physique, l'exposition au soleil réduite, les apports calciques journaliers bas, ainsi que les saisons automne-hiver représentant un risque d'hypovitaminose D. Ainsi, le docteur propose plusieurs pistes pour pallier ce problème de santé publique, entre autres en faisant valoir certaines possibilités de supplémentation de cette population par la vitamine D3 soit de manière ciblée ou alors systématique. De ce fait, elle recommande la supplémentation systématique qui doit être réalisée de façon rigoureuse au niveau des PMI pour tous les nourrissons âgés de un à six mois. Le docteur préconisera également le dépistage du déficit en vitamine D par les médecins scolaires, la mise en place d'un programme d'éducation nutritionnelle au niveau des écoles (primaires, collèges et lycées) qui doit être intégré dans le cursus scolaire et en agissant sur l'environnement scolaire, afin de lutter contre le surpoids et l'obésité au sein de la population non ciblée, les régimes alimentaires équilibrés doivent contenir des aliments riches en calcium et en vitamine D, afin d'optimiser les besoins pendant la période de l'adolescence, le développement de l'activité sportive en milieu scolaire et la diversité des activités parascolaires. Pour cela, il faudrait interpeller les responsables de l'éducation nationale et le ministère de la Jeunesse et des Sports afin de mettre en application un programme adéquat, ainsi que l'exposition au soleil, selon les recommandations proposées par les sociétés savantes, doit être régulière et adaptée: à savoir 15 à 30 minutes par jour, deux à trois fois par semaine du visage, mains, bras et jambes.