Une dizaine d'associations et de partis politiques ont déchargé l'association Azday de l'organisation du Café littéraire et avaient appelé à la marche de samedi dernier et à celle maintenue pour samedi prochain. Tant qu'il s'agit d'une activité culturelle, nous ne ferons pas d'objection. Sinon, faites attention au sécessionnisme.» Voilà le message du wali de Béjaïa formulé sans ambages aux membres de l'association Azday adelsan n Weqqas, organisatrice des cafés littéraires de la ville côtière d'Aokas. Le message a été transmis hier par le délégué à la sécurité, qui a reçu au siège de la wilaya — avec la cheffe de la daïra d'Aokas, le Drag et son adjoint — des représentants de l'association. Les propos du commis de l'Etat confirment l'engagement des autorités à étouffer les activités du MAK qu'ils ne désignent pas par son nom mais qu'ils fondent dans le «sécessionnisme». «Nous avons remarqué que le pouvoir fait dans l'amalgame. Il veut chasser les associations culturelles du centre culturel», déclare, à El Watan, Senoune Mabrouk, qui a assisté à l'entrevue d'hier où les autorités semblent vouloir reconnaître leur maladresse dans la gestion de ce qu'il convient d'appeler l'affaire d'Aokas où l'abus d'autorité a dégénéré en répression. «Faites table rase de ce qui s'est passé jusque-là. L'administration n'est pas infaillible. Nous avons commis quelques erreurs et ça ne se reproduira plus», leur a-t-on dit. Se pourrait-il que l'administration se rende compte qu'elle fait fausse route ? Elle veut surtout éviter que s'amplifie un foyer de contestation qui grossit et pourrait être contagieux. Parce qu'à Aokas, c'est désormais la société civile qui se mobilise et prend le relais. Une dizaine d'associations et de partis politiques ont déchargé l'association Azday de l'organisation du Café littéraire et avaient appelé à la marche de samedi dernier et à celle maintenue pour samedi prochain. C'est d'ailleurs «le comité des citoyens d'Aokas» qui invite l'écrivain et chroniqueur Chawki Amari pour un café littéraire pour l'après-midi du 29 juillet autour d'un thème lui aussi militant : «Littérature et engagement politique». Ce comité prend en charge temporairement la manifestation pour au moins les trois prochains cafés littéraires. En invitant à repartir sur de nouvelles bases, sans rien céder au MAK, les pouvoirs publics demandent à «suivre la réglementation en vigueur», soit introduire des demandes d'autorisation qui devraient faire l'objet de récépissé et de notifications en cas d'interdiction. Une procédure foulée aux pieds par l'administration elle-même, dont font partie les services de la daïra d'Aokas. Le Comité ne compterait pas le faire pour le reste des cafés littéraires qu'il prend en charge. La question de la demande d'autorisation n'est pas tranchée, elle le sera lors d'une assemblée générale programmée pour la fin de la journée d'hier. Les membres de l'association ont rappelé en tout cas à leurs interlocuteurs qu'ils ont toujours activé sans autorisation jusqu'à début 2017 avec l'arrivée de la nouvelle cheffe de daïra. En attendant, au sein du café littéraire d'Aokas, on se fiche des positions politiques des invités du Café, fussent-ils du MAK, l'espace est celui de la littérature et de la libre parole. Chawki Amari, très attendu, est averti !