Après plusieurs mois d'intenses opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens, concentrées dans la bande de Ghaza ayant fait près de 400 morts et plus de 1000 blessés parmi les Palestiniens, en majorité des civils, l'Etat hebreu vient de changer le ton. L'arrêt des tirs de roquettes artisanales contre le territoire israélien était l'autre but de cette escalade armée au cours de laquelle les Israéliens ont commis des crimes de guerre, comme le récent massacre de Beit Hanoune, au nord de la bande de Ghaza, où furent tués une centaine de Palestiniens parmi lesquels une vingtaine de femmes et d'enfants, déchiquetés pendant leur sommeil par des obus de chars, tirés contre un immeuble de 4 étages d'un quartier résidentiel de cette localité. Un crime qui a ému le monde entier. Le gouvernement israélien a commencé par accepter une trêve avec le côté palestinien, concrétisée par le retrait des forces armées présentes en grand nombre dans le nord de la bande de Ghaza en échange de l'arrêt des tirs des roquettes vers Israël. A noter que dans le passé, les responsables israéliens exigeaient comme prix de l'arrêt de leurs agressions, le désarmement pur et simple des mouvements armés palestiniens. Sur la lancée de cette trêve, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a appelé lundi les Palestiniens à une reprise d'un dialogue de paix gelée depuis plusieurs années. Ehud Olmert a promis que dans le cadre d'un accord de paix, Israël accepte de se « retirer de nombreux territoires et des implantations qui y ont été érigées » en vue de la constitution d'un « Etat palestinien indépendant et viable ». Il n'a cependant pas précisé l'ampleur d'un tel retrait en Cisjordanie occupée, ne s'est pas engagé à un gel de la colonisation et a conditionné la reprise du dialogue à un nouveau cabinet palestinien qui, contrairement à l'actuel dirigé par le Hamas, serait, selon lui, prêt à faire la paix avec Israël. Il s'est aussi déclaré prêt à libérer de nombreux prisonniers palestiniens et à débloquer des fonds palestiniens en échange de la libération du caporal Gilad Shalit. Toutes ces belles paroles, absentes des années durant du lexique israélien, surviennent après les déclarations faites par le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaâl, au Caire, dans lesquelles il a clairement affirmé que son mouvement acceptait une solution négociée du conflit, basée sur la création d'un Etat palestinien sur les territoires palestiniens occupés en 1967, changeant d'un seul coup la stratégie du mouvement islamique palestinien, qui a toujours appelé à la poursuite de la lutte armée pour la libération de l'ensemble de la Palestine historique. La présence dans la région du président américain Bush, dont le parti républicain a essuyé une forte défaite aux dernières élections législatives ne sont sûrement et les déboires de son armée en Irak pas étrangers à la nouvelle position israélienne. La direction américaine actuelle, dont la politique a clairement échoué dans la région du Proche-Orient devenue plus instable que jamais lorsqu'elle a ignoré la question palestinienne pour ne s'occuper que de ses intérêts en Irak, a besoin d'une percée dans le dossier palestinien, surtout avec l'émergence de l'alliance formée par le triangle Iran, Syrie et le Hezbollah libanais. En fait, c'est un ensemble de facteurs qui pourraient être favorables à une déblocation de la situation actuelle. Malgré leurs divergences chroniques, les Palestiniens, toutes tendances confondues, s'apprêtent à adopter un seul programme politique, celui appelé document d'entente nationale, élaboré par des cadres des mouvements palestiniens dont le Fatah et le Hamas, détenus dans les prisons israéliennes. Entre autres, ce document appelle à la création d'un Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967 et à la concentration de la lutte armée aux mêmes territoires. L'Etat hebreu, malgré sa redoutable machine de guerre, a essuyé une cuisante défaite l'été dernier au Liban et n'a pu trouver de solutions aux tirs de roquettes artisanales palestiniennes qui empoisonnent la vie à des dizaines de milliers de citoyens vivant dans le sud d'Israël, l'échec du parti Républicain du président Bush au Sénat et au Congrès. Enfin l'influence grandissante de jour en jour du régime chiite iranien, perçu par Israël et les Etats-Unis comme une menace imminente, dans la région proche orientale, au détriment de régimes alliés des Etats-Unis tels que l'Egypte et l'Arabie Saoudite. Mais malgré toutes ces données qui leur sont plutôt favorables, les Palestiniens craignent qu'Israël ne cherche qu'à gagner du temps et les entraîne de nouveau dans des négociations sans fin, avant de revenir à la politique qu'il maîtrise le mieux, celle de l'oppression, de la destruction et de la mort.