Le « forum » qu'organisent, depuis hier, les services de la circonscription administrative de Draria, autour du « dispositif d'aide à l'auto-emploi et à l'insertion », ne se justifie qu'aux yeux de ces initiateurs. Un tel rendez-vous, traitant d'une question aussi sensible et s'adressant aux chômeurs, ne devait pas passer inaperçu. Tout a été fait cependant dans le sens pour en faire un non-événement. Mis à part les fax transmis aux différents médias, les initiateurs de cette rencontre n'en ont pas donné un large écho. A Draria, lieu de la tenue du « forum », aucun affichage public n'a été fait. Une seule banderole, presque inaperçue, a été étalée au boulevard central, connu sous le nom du boulevard des Chouwayine (rôtisseries). Au niveau de la coordination d'Alger-Ouest de l'Agence nationale de gestion de micro-crédits (Angem), qui a participé à l'événement, on ignore même le lieu du rendez-vous. On nous oriente vers la salle omnisports au moment où tout le monde est à la maison de jeunes, une sorte de hangar avec des vitres brisées, des murs rongés par l'humidité, etc. Pour faire dans le trompe-l'œil, on a fait venir les apprentis des centres de formation professionnelle et de l'apprentissage de Draria et de Baba Ali. Du coup, on se trompe de cible : on s'adresse plutôt à des futurs chômeurs. L'assistance n'a, à aucun moment, prêté attention à ce qui se raconte du côté des officiels. On se donne, filles et garçons, à des rigolades sans fin au point d'indisposer le wali délégué : « Je vois des gens qui discutent à droite et à gauche. Si vous avez des choses à vous dire allez dehors ! », s'est-il emporté. L'assistance lui renvoie la balle à la fin de son intervention : des youyous, des sifflements et une salve d'applaudissements, à la manière d'un public dans un stade ou lors des rencontres politiques. Les autres interventions se sont déroulées dans une anarchie totale. Puis vint la délivrance : un homme, vêtu d'un « 33 tours », s'est déplacé jusqu'à la table des intervenants et s'est permis devant tout le monde de se servir un café. Chassé de la salle, l'homme a eu droit à des acclamations. Dans un mouvement de solidarité, la majorité des apprentis a quitté la salle. « On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans », disait Arthur Rimbaud, le poète français.