Les tensions suscitées par le manque d'eau potable dans les foyers s'exacerbent ces derniers jours dans de nombreux villages de la wilaya de Tizi Ouzou. Les habitants de la commune de Bouzeguène ont, ainsi, annoncé une marche populaire et un sit-in pour lundi prochain devant le siège de la wilaya afin de dénoncer la pénurie d'eau dont souffre la population de cette localité depuis le début de l'été. Les villageois de cette commune, sise à 60 km à l'est de Tizi Ouzou, ne sont alimentés en eau qu'une fois par mois. La population a entrepris de nombreuses actions de protestation au niveau local au cours des dernières semaines sans pour autant voir la situation s'améliorer. Les villageois réclament un projet de raccordement de leur localité au barrage hydraulique de Taksebt afin d'enrayer définitivement le spectre du robinet à sec. Cette situation de manque d'eau n'est pas propre à la région de Bouzeguène. Les insuffisances subies par les villageois aux quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou font sortir la population dans la rue depuis le début de la saison estivale. Il ne se passe pas un jour sans qu'une fermeture de siège d'APC, de daïra ou le blocage de routes ne soient signalés ici et là. C'était le cas dimanche dernier à Tala Tegana, dans la commune de Fréha, à 30 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, où le siège de l'APC avait été fermé par les citoyens pour dénoncer l'absence de l'eau dans leurs foyers depuis des semaines. Les habitants de Sikh Oumeddour, à Oued Aïssi, 7 kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya, ont manifesté leur colère récemment en bloquant la RN12. Les habitants de nombreuses localités de la wilaya subissent un rationnement drastique de l'eau et recourent à l'achat de citernes à raison de 2000 DA l'unité. Les citoyens de la commune de Mekla, à une vingtaine de kilomètres à l'est de la wilaya, sont desservis quelques heures seulement une fois tous les huit jours. Le délai s'étale à 15 jours pour les villageois de la commune de Boudjima au nord de Tizi Ouzou ou ceux d'Aït Yahia Moussa au sud de la wilaya. Le constat est le même pour la population de Souamaâ (30 km à l'est de Tizi Ouzou). Les habitants ont interpellé, il y a quelques jours, les autorités afin de revoir à la hausse la quote-part en eau attribuée à la commune alimentée, pour rappel, depuis le barrage Taksebt (Oued Aïssi). Ils ont même menacé d'entreprendre des actions de rue si leur revendication n'est pas satisfaite dans les meilleurs délais. Le niveau du barrage Taksebt, d'une capacité de 180 millions de mètres cubes, ressource principale alimentant la plus grande partie de la wilaya, a considérablement baissé ces derniers mois pour retomber à moins de 50% de remplissage en début août. Le manque de pluviométrie en hiver dernier a fait que le niveau du barrage est toujours aussi bas par rapport aux années précédentes. Des mesures avaient été prises afin de permettre au barrage d'augmenter les réserves parallèlement à des mesures de rationnement. L'autorité de régulation des eaux des barrages, dépendant du ministère des Ressources en eau, a pour rappel suspendu, en novembre 2016, l'alimentation depuis Taksebt d'une partie de la wilaya d'Alger. Le problème de la vétusté des réseaux de distribution vient compliquer la situation. Le projet de réhabilitation des anciennes conduites tarde à être concrétisé. Les fuites se multiplient ainsi et les déperditions d'eau sont estimées à plus de 50% de la production, selon les dernières déclarations des responsables du secteur de l'hydraulique. Les responsables de l'Algérienne des eaux (ADE) de Tizi Ouzou ont soulevé pour leur part le manque de moyens humains et matériels.