La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, s'adresse encore une fois au président de la République, qui est «garant de la Constitution et responsable devant la nation», pour ordonner le retrait du projet relatif à la suppression de la retraite anticipée. Un projet qu'elle qualifie d'antisocial, antinational et régressif. Pour Mme Hanoune, le front social est «en effervescence» et un premier signal d'alerte vient d'être donné par les syndicats autonomes qui ont entamé hier un mouvement de débrayage de deux jours. La secrétaire générale du PT défend ouvertement et de manière «inconditionnelle» le droit à la grève et soutient totalement les revendications «des plus légitimes» des représentants des travailleurs. Elle voit en cette grève un «facteur de recomposition politique». «Aujourd'hui les travailleurs de l'éducation et d'autres secteurs contestent ce projet antisocial et ce débrayage est dans l'intérêt de tous les travailleurs qui refusent cette attaque qui est un prélude à une attaque plus globale dès lors que les injustices se creusent et la peur de l'avenir gagne de plus en plus de secteurs de la société», a déclaré Mme Hanoune, lors d'une conférence de presse animée hier au siège de son parti. L'oratrice a qualifié ce débrayage de deux jours d'«acte historique». Mme Hanoune n'a pas ménagé le gouvernement et le Parlement qui ont programmé un débat autour de ce projet de loi à la veille de la grève. Elle considère cette démarche comme un signe de «mépris» et une «non-reconnaissance du droit constitutionnel à la grève». Pour elle, le gouvernement se comporte comme si le projet avait été adopté et qu'il ne connaîtra aucun changement. «Le gouvernement vient de prouver son mépris aux travailleurs et à l'institution législative. Mais il faut préciser que les membres de la commission santé de l'APN ont exprimé leurs réserves quant à ce texte et certains ont demandé le retrait du projet de loi dans lequel ils voient une fausse solution à un vrai problème. Les parlementaires ont fait des propositions concrètes», a-t-elle affirmé, qui s'est dite «inquiète pour le pays qui est dans la tourmente». Pour la secrétaire générale du PT, les politiques du gouvernement sont «plus horribles que celles du FMI». Dans sa série de critiques, elle ne met pas dans le même sac les membres du gouvernement, elle estime qu'il existe des ministres intègres, mais qui ont malheureusement les mains liées : «Les ministres ne sont pas les architectes de ces orientations économiques qui ont mené le pays au chaos.» Mme Hanoune défend au passage les ministres de l'Education nationale et de la Solidarité. La secrétaire générale du PT a encore une fois mis en garde contre le danger que représente le projet de loi de finances 2017 pour le pays en général : «La situation est trop précaire et ne peut supporter d'avantage de coups. Plus nous approfondissons la lecture du projet de loi de finances 2017 et plus la terreur nous saisit.» De son avis, aucun Algérien n'ignore que si la majorité est accablée par l'austérité, une minorité parmi les nouveaux riches ne paie même pas ses impôts. Elle considère que ce projet de loi de finances 2017 détruit l'immunité du pays : «Ce projet de loi de finances contient de nombreuses dispositions qui visent la destruction du pouvoir. Le gouvernement est prêt à pousser le pays dans l'abîme et ne pas toucher à une minorité de riches.» S'agissant de la question des élections législatives, pour Mme Hanoune, la priorité, aujourd'hui, pour son parti, est le sauvetage de l'Algérie et non les élections législatives : «Les pouvoirs publics doivent réunir les conditions pour la tenue de ces élections. Les législatives sont une question de tactique !»