En dépit des instructions données par le département de l'intérieur aux autorités locales d'empêcher les racketteurs des plages de sévir le long de nos côtes littorales, ces derniers s'offrent tous les droits pour faire main basse sur nos plages. La gratuité de ces lieux supposés de détente et de farniente se révèle un vain mot, dès lors que les bombeurs de torse et porteurs de battes continuent contre vents et marées à soutirer impunément la thune aux estivants venus décompresser avec leur ribambelle, l'espace d'un moment. ‘'Suis-je obligée de louer parasol, chaises et tables, alors que je possède tout cet attirail ?'', s'interroge, indignée, une maman qui s'est vu rabrouer d'une portion de sable par un loueur autoproclamé d'un pan de bande de sable. Même si l'accès dans certains endroits est gratis, les ‘'parkingueurs'' imposent leur diktat, sans qu'ils jugent pour autant utile de vous remettre le ticket de la prestation, prouvant qu'ils sont mandatés par les services communaux. Quant à l'état de salubrité dans lequel se trouvent certaines plages autorisées à la baignade, le décor laisse à désirer. Nous avons pour preuve, cette plage d'El Kettani -celle de Rmila ayant disparu- à Bab El Oued, où les mômes se débattent dans deux bassins dont l'eau est presque fangeuse, à cause des camions-bennes qui défilent à longueur de journée dans le chantier. Après plus de trois ans, les travaux publics ont fini par pondre aux estivants, dans le cadre des grands projets restructurants de la baie d'Alger, tout juste deux bassins où barbotent les bambins. Bien que le tout-à-l'égout soit refoulé vers Qaâ Essour, pendant la saison estivale, le décor de cette contrée balnéaire vers laquelle affluent les riverains des cités populeuses ne suscite pas moins un sentiment de répulsion. Du haut de la rambarde de l'esplanade El Kettani, le commun des mortels se verra saisir d'un haut-le-corps à la vue du plan d'eau qui vire parfois vers la couleur de Sienne. Des grands-mères flanquées de leurs petits-enfants restent impuissantes devant les écrans de poussière charriée par la valse des machines vomissant la gadoue du chantier, tout près du rivage. ‘'Les autorités locales auraient pu penser quand même à déverser avant la saison estivale des bancs de sable pour permettre aux enfants de gambader et à leurs parents d'y apprécier la moindre des commodités'', fait remarquer, non sans un grincement des dents, un père de famille.