Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, hier à l'unanimité, une résolution créant un régime général de sanctions pour le Mali où les entraves au processus de paix et de réconciliation se multiplient. Le texte prévoit la possibilité d'interdictions de voyages et de gels d'avoirs. L'adoption de la résolution va être suivie de la création à l'ONU d'un comité de sanctions pour identifier les individus ou entités contrevenant à ses dispositions et d'un panel d'experts devant s'assurer du respect des sanctions. La désignation d'individus ou d'entités sera liée à des violations du cessez-le-feu, à des obstructions à la mise en œuvre de l'accord de paix, à des attaques contre les forces armées maliennes ou les Casques bleus, à des violations des droits de l'homme ou des obstacles à l'acheminement d'aide humanitaire. Alors que des pays comme la Russie ou l'Ethiopie avaient fait part de réserves sur l'opportunité d'un tel texte, la France, qui en est sa rédactrice, s'est employée à les rassurer en soulignant qu'à ce stade, il n'est question que de créer un régime général de sanctions et que l'identification de contrevenants n'interviendra qu'ultérieurement. La résolution se borne à cet égard à rappeler les nombreuses violations du cessez-le-feu ayant accompagné la mise en place de l'accord de paix signé en 2015. Elle dénonce aussi les violences qui ont touché le pays ces derniers mois et l'importance que conservent des mouvements armés terroristes, comme Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), Al Mourabitoun, Ançar Eddine ou le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), déjà visés par des sanctions. Le Conseil de sécurité «est gravement préoccupé par la situation sécuritaire volatile, notamment par le développement d'activités criminelles et terroristes dans le centre et le sud du Mali, comme par l'intensification des trafics de drogue et d'êtres humains» dans le pays, est-il écrit dans la résolution. Pour certaines capitales européennes, le Mali est aujourd'hui «dans une période presque pré-insurrectionnelle» à moins d'un an d'une élection présidentielle. «Il y a la crise au Nord, la crise au Centre, et maintenant une crise de régime», relève sous le couvert de l'anonymat un responsable européen. «C'est un régime qui ne sait pas où il va, qui est uniquement tourné vers la réélection du Président», ajoute-t-il.