Noureddine Boukrouh, fondateur du Parti du renouveau algérien (PRA), répond à l'armée ou plus précisément à la revue El Djeich qui le qualifiait de «mercenaire qui a vendu son âme au diable et mettant sa plume au service d'intérêts revanchards». Selon lui, la formule est «éculée, remontant au Moyen-Âge de la langue de bois, au temps de l'alchimie et de la sorcellerie». «Si j'ai vendu mon âme au diable et ma plume à des ‘‘intérêts revanchards'', écrit-il sur sa page Facebook, pourquoi ne pas avoir arrêté le premier et donné l'assaut aux seconds du moment que vous les avez localisés ?» «Ce n'est pas très militaire, ça !» commente Noureddine Boukrouh, considérant qu'«aucun ministère de la Défense au monde n'a rédigé un éditorial sous-tendu par des menaces à peine voilées contre un citoyen, jumelées avec un lynchage médiatique et la préfabrication d'‘‘affaires'', méthodes auxquelles on reconnaît les voyous et les barbouzes, et non le mode opératoire d'un Etat de droit». «Monsieur l' ‘‘Armée'', apprenez que j'écris depuis près d'un demi-siècle dans la presse de mon pays bénévolement, alors que vous avez commis cet éditorial sur ordre et pour gagner votre bouchée de pain, ce qui vous place plus près de la définition du ‘‘mercenaire'' que moi», peste l'ancien ministre du Commerce qui rappelle que sa plume était «très prisée du président de la République, commandant suprême des forces armées, pour qui elle a rédigé un grand nombre de discours officiels qu'il était fier de déclamer sous les ovations dans le pays et à l'étranger». A l'auteur de l'édito d'El Djeich qui lui reprochait de toucher «à tous les domaines et spécialités, depuis la charia à l'histoire en passant par l'économie, l'astronomie et autres sciences et domaines de connaissance», Nourredine Boukrouh lui rétorque que «c'est à cela qu'on reconnaît le vrai intellectuel et le véritable homme politique, et c'est ce qui les distingue des baragouineurs retardataires de la langue de bois». «Je ne sais pas quel est votre grade», lui assène-t-il, «mais je ne vous imagine pas, moi qui étais commissaire politique quand j'effectuais mon service national il y a quarante ans, plus qu'adjudant.» «Mais je suis assez réaliste pour ne pas m'étonner que vous soyez déjà général alors qu'on devrait vous renvoyer de ‘l'Armée' pour cause d'insuffisance dans l'analyse et anachronisme», s'insurge M. Boukrouh. «Je vous verrais bien derrière un canon en train de le régler pour me tirer dessus, car vous êtes encore quelques-uns à prendre la liberté de pensée et d'expression pour une atteinte à l'intégrité de l'ANP ou de la haute trahison», écrit-il avant de préciser à son pourfendeur : «Vous et celui qui vous a enjoint de m'insulter au nom de l'ANP, n'êtes pas l'ANP mais seulement ses employés. Cette institution n'est pas votre bien, mais celui de la nation qui n'a pas placé la force entre vos mains pour que vous la retourniez contre elle, contre les citoyens qui dénoncent le mal et les atteintes à l'intérêt national». «Ni l'Etat ni l'Algérie ne sont votre propriété. Nos parts dans la possession de ce pays sont égales et se valent. Nous sommes quarante millions de copropriétaires de l'Algérie. Au-dessus de l'ANP, au-dessus du président de la République, au-dessus d'une Constitution dans laquelle on peut mettre ce qu'on veut et qui n'a jamais été autant malmenée que durant ces dernières années, juste au-dessous de Dieu, il y a le ‘peuple souverain' qui n'est pas toujours une abstraction, à qui il arrive de s'exprimer à haute voix à travers l'un ou l'autre de ses fils puis d'autres, de plus en plus nombreux à l'avenir Incha Allah», souligne encore le fondateur du PRA qui apporte un démenti sans appel au reproche de l'éditorialiste d'El Djeich. «Je n'ai pas attaqué l'ANP, je ne lui ai pas manqué de respect, je ne lui ai pas demandé de faire un coup d'Etat, contrairement à ce que vous sous-entendez, et je ne commettrai jamais aucun de ces actes non par peur de vos menaces, mais par conviction profonde», affirme-t-il, en précisant qu'il a «juste demandé aux militaires en poste ou à la retraite qui ont accepté le quatrième mandat ou vont consentir à un cinquième ou à un scénario du même genre, d'user des vertus de la sagesse d'ici 2019 pour ne pas hypothéquer de nouveau le sort du pays, car cette fois les Algériens ne l'accepteront pas. Trop, c'est trop !». «En ma qualité de simple citoyen de ce pays, je m'opposerai de toutes mes forces morales et intellectuelles au cinquième mandat ou à un scénario du même genre. A moins qu'un Boumaarafi ne tombe opportunément du ciel pour me tirer dans le dos», indique Noureddine Boukrouh en concluant : «Tout le reste, M. ‘‘l'Armée'', n'est que procès d'intention et comportement de ‘‘parkingueurs''. Point barre.»