Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, entame, aujourd'hui à l'Assemblée populaire nationale (APN), la plaidoirie pour son «plan de crise». Ayant suscité par ses déclarations devant les partenaires politiques du gouvernement l'inquiétude de l'opinion sur l'avenir économique du pays, il devra trouver les «bons arguments» pour tenter de rassurer sur les options économiques prônées ces derniers jours. Sa tâche ne sera certainement pas aisée, même s'il part déjà rassuré que sa feuille de route sera adoptée par la majorité parlementaire acquise à la démarche. Mais le premier responsable du gouvernement ayant participé à la gestion des affaires du pays en période d'opulence risque d'être malmené par les députés de l'opposition, qui ne rateront certainement pas l'occasion pour lui rappeler des vérités. Ne partageant pas les mesures économiques esquissées depuis l'adoption en Conseil des ministres du plan d'action du gouvernement, les partis de l'opposition s'apprêtent à dénoncer publiquement «les artisans de la faillite annoncée». En effet, les chefs des partis de l'opposition qui se sont exprimés jusque-là sur le plan d'Ouyahia n'ont pas manqué de mettre en garde contre une remise en cause des acquis sociaux à travers la mise en œuvre d'une politique d'austérité susceptible d'élargir le cercle de la pauvreté dans le pays. En plus de l'opposition, le Premier ministre devra s'adresser indirectement aux citoyens qui se montrent de plus en plus inquiets. Les derniers messages lancés sur «l'incapacité de l'Etat à payer les salaires des fonctionnaires», «l'absence de liquidités dans les caisses» et «le tarissement des recettes» n'ont fait qu'aggraver ce sentiment de peur dans la société. Quelle sera la teneur des messages que livrera Ahmed Ouyahia ? Réussira-t-il à restaurer la confiance qui lui permettra de mener «ses réformes» ? Wait and see. En tout cas, le premier responsable du gouvernement est décidé à faire le forcing pour appliquer sa démarche. En effet, après avoir réuni les patrons et le secrétaire général de l'UGTA, Ahmed Ouyahia a rassemblé, à la fin de la semaine dernière, les partis politiques proches du pouvoir, en l'occurrence le FLN, le RND, le MPA et le TAJ. Il a même ressuscité la fameuse «Alliance présidentielle» dans l'espoir de faire taire, au sein de l'hémicycle et sur la scène nationale, toutes les voix discordantes. Lors de cette rencontre à huis clos qui s'est tenue au Palais du gouvernement, Ahmed Ouyahia a confié à ses partenaires maison «des secrets» sur la réalité économique du pays. Ce faisant, il les a sensibilisés pour l'appuyer à l'APN afin de convaincre l'opinion nationale sur la nécessité d'opérer des réformes aux conséquences douloureuses sur le plan social. En outre, Ahmed Ouyahia devra aussi apporter plus de précision sur la décision d'actionner «la planche à billets» pour pallier la rareté des liquidités nécessaires au règlement de la dette publique interne. Dans son plan d'action, il a tenté de rassurer sur le risque de voir l'inflation atteindre des niveaux insupportables. Mais il ne s'est pas étalé sur le sujet. Son passage devant les parlementaires devrait être une occasion de s'expliquer et de tenter de convaincre les économistes «catastrophés» par la décision. Le Premier ministre devra aussi définir les objectifs de son plan d'action et les délais de leur réalisation pour faire sortir le pays de cette crise qui s'annonce longue et dure…