Le procès a été ouvert, hier, au tribunal de Kherrata, en présence de certains élus, cités comme témoins à charge contre le maire, bien que le wali ait retiré la plainte introduite par son prédécesseur. Le procès opposant les services de la wilaya au maire de Taourirt Ighil, Amar Amoura, ouvert hier au tribunal de Kherrata, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Béjaïa, a été reporté au 2 octobre prochain. Dans la matinée d'hier, outre un magasinier et deux techniciens de l'APC, quatre élus se sont présentés à la première instance en tant que témoins à charge. Le P/APC était, quant à lui, absent, ce qui a justifié le report du procès. Bien que le wali de Béjaïa ait retiré la plainte qui a été introduite par son prédécesseur, Ouled Salah Zitouni, les prévenus et les témoins ont bel et bien été convoqués. En annulant la plainte, le wali, Mohamed Hattab, a remis en cause les résultats de la commission d'enquête que son prédécesseur avait mise en place. Il est reproché au président de l'APC «l'utilisation de deniers publics et des biens de l'Etat au profit d'autrui». Cette affaire remonte à l'année 2015, où des élus de l'Assemblée avaient sollicité l'ancien wali pour l'ouverture d'une enquête sur la gestion de l'APC. Dans leur requête, les élus et des membres du mouvement associatif accusaient le maire de «gestion unilatérale des affaires de la collectivité». Plus encore, ils accusent le président de l'APC de «détournement de l'argent public dans le cadre de deux opérations. L'une concerne l'achat de matériaux de construction au profit du parc communal, et une autre s'agissant d'un projet d'élargissement et d'ouverture de pistes agricoles au profit des agriculteurs et éleveurs de la région», a confié un élu de l'APC de Taourit Ighil sous le sceau de l'anonymat. Les plaignants, selon le même élu, ont «demandé des comptes concernant les 743 millions de centimes qu'aurait dépensé le maire dans l'acquisition de matériaux, mais ce dernier ne voulait pas rendre compte de cette opération. Les plaignants ont constaté que la facture d'achat a été établie, mais que la marchandise correspondant à cette facture n'a jamais été mise à la disposition des services de l'APC». Et de nuancer : «Récemment, nous avons acquis seulement une petite quantité de matériaux, mais celle-ci ne représente pas la somme dépensée, c'est-à-dire pas moins de 743 millions de centimes.» Aussi, «le président de l'exécutif communal a signé une autre facture qui justifie des dépenses pour une étude et réalisation de l'élargissement et l'ouverture d'une piste agricole à Taourirt Ighil, mais ce projet n'a jamais vu le jour sur le terrain». Là aussi, «le maire ne s'est pas vu obligé de rencontrer ses collaborateurs et partenaires pour donner des explications», selon nos interlocuteurs. Un an plus tard, ajoute-t-on, l'ex-wali a envoyé une commission d'enquête qui s'est penchée sur cette affaire, mais les résultats de cette enquête n'ont jamais été communiqués. Ce n'est que quelques mois plus tard qu'une plainte des services de la wilaya a été enregistrée auprès du tribunal de Kherrata - en octobre 2016 - pour examiner de près ce dossier. Une date a donc été arrêtée pour le déroulement du procès. Selon l'un des témoins convoqués, «puisqu'une plainte a été déposée par les services de l'ancien wali, cela veut dire que la commission qu'il avait diligentée a abouti à la découverte d'anomalies dans la gestion des affaires de la commune». Nous avons tenté, à maintes reprises et pendant plusieurs jours, de joindre par téléphone (appels et sms) le maire de Taourirt Ighil, en vain.