Un grand témoin de l'histoire contemporaine notamment dans le domaine médiatique et politique, un journaliste émérite et un fidèle défenseur de la liberté d'expression s'en va brusquement sans la peine de nous dire adieu. La nouvelle est tombée malheureusement comme un couperet sur la gorge. Aussi, il méritait bien une invocation à sa mémoire pour rappeler ne serait-ce que brièvement son parcours professionnel et son combat pour la défense des idéaux de liberté et de démocratie et des causes justes. Toutes ces valeurs ont trouvé en le jeune Khaled Mahrez un terrain favorable pour les adopter. Je me fais un devoir d'apporter ce témoignage à son égard pour l'avoir côtoyé sur plus d'une douzaine d'années en faisant ensemble nos débuts professionnels au service économique de l'agence nationale APS, en compagnie de A. Tabadji. A. Ben Hafsi, T. Belazzoug et T. Kheladi, en ayant la chance d'avoir été chapeautés par des gens exceptionnels, notamment feu Khaled Nezari, Belaïd Ahmed et Haïder Mokhtar et encouragés par des chefs dont M. Chaâbane, Merzoug et N. Mehal qui nous avaient initiés tout jeunes encore à la grande aventure du journalisme. Nous avions eu la chance aussi de travailler aux côtés de gens plus expérimentés, comme Bouchène Eddine Cheikh, O. Zekrai, Chkiken M., Zoubir Souissi, B. Amazit et d'autres qui avaient « transité » par le service économique et qui nous excusent ici de ne pas citer leurs noms, tous des artistes de la plume. Khaled Mahrez, le plus jeune de nous, s'était vite distingué par son amour au travail, sa maîtrise de la langue de Voltaire, sa pertinence à traiter les sujets les plus délicats. A 24 ans à peine, exactement en décembre 1980, il réussit l'exploit remarquable de réaliser avec succès sa première grande mission dans la lointaine île paradisiaque de Java, en Indonésie, pour la couverture d'une conférence de l'Opep. Par la suite, il devint un habitué des grands rendez-vous pétroliers, gaziers, financiers et commerciaux, en sillonnant les grandes capitales, de Lagos à Rome, de Londres à Koweït et de Genève à Vienne, en se distinguant par ses analyses et ses couvertures. C'est en prenant en charge ces grands dossiers qu'il s'était lié avec les autres spécialistes de la presse nationale, dont O. Belhouchet et M. Benchicou d'El Moudjahid, A. Hamouche d'Actualité eet M. Hmissi du quotidien Echaâb.Lorsque nous atterrissions à la fin des années 1970 au journalisme, l'information économique était frappée du sceau de l'interdit et de la rétention. Mais petit à petit, encouragés par nos chefs rédactionnels, le service économique devint vite un creuset pour ouvrir la voie à l'accès des grands dossiers et à la vulgarisation de l'information économique. Le même effort s'était poursuivi jusqu'à l'avènement du pluralisme et de l'ouverture du champ médiatique. Dans ce cadre, le jeune Khaled, malgré son caractère réservé, avait laissé une empreinte qui ne s'effacera pas de sitôt.Lorsque vint la tragédie nationale de la décennie passée, l'on retrouva tout naturellement Khaled aux premières loges de la défense de la cause partager les peines et joies de son peuple et pays. Il croyait dur comme fer au retour de la paix et à la continuation de la vie. Il aimait son métier. Il aimait son pays. De condition modeste, originaire de Aïn Defla, ce fils de chahid prenait volontiers la défense des jeunes, des femmes, des travailleurs et des faibles. En occupant le poste de chef du bureau de la Fédération internationale du journalisme à Alger, il eut à prendre en charge avec courage et honnêteté nombre de dossiers et de cas de dépassements, à un moment où le harcèlement des journalistes était monnaie courante. Pour toutes ces raisons, Khaled Mahrez, au sourire légendaire, méritait une grande compassion et une pensée pieuse.