Il y a trente ans, l'industrie pétrochimique était un des maillons « entraînants » du modèle « industrialisant » algérien. Elle est restée en rade dans un secteur de l'énergie qui, lui, est repartit entre temps. Les meilleures opportunités d'investissement dans le secteur de l'énergie et des mines seraient perceptiblement en train de se déplacer en Algérie de l'amont vers l'aval pétrolier et plus généralement vers la production d'énergie électrique et les marchés de consommateurs finaux. C'est l'une des impressions les plus nettes qu'aura laissé la troisième semaine de l'énergie qui s'est tenue à Oran du 26 au 29 novembre dernier et en particulier la 5e conférence internationale stratégique sur les opportunités d'investissement dans le secteur de l'énergie et des mines. A cela sans doute deux raisons : la panne dans l'attribution des permis de recherche-exploration depuis près de 30 mois qui consacre une pause dans la croissance des dépenses d'investissement d'études sismiques et de forage dans l'amont pétro-gazier et la volonté affichée par les autorités algériennes de « créer sur place le maximum de valeur ajoutée » et d'améliorer ainsi la valorisation de l'énergie primaire extraite du sous-sol national et exportée en grande proportion en l'état. Dès l'entame, l'exposé inaugural du ministre de l'Energie et des Mines M. Chakib Khelil aura été dominé par l'évocation des nouveaux investissements prévus dans le raffinage, la pétrochimie et la gazo-chimie, la génération d'électricité, le dessalement d'eau de mer, le développement des énergies renouvelables. Signe des temps, même le projet phare de l'amont pétrolier de cette année 2006, celui du développement intégré du gisement gazier de Gassi Touil (enlevé par un consortium emmené par Repsol) est un projet type de partenariat qui court du puits jusqu'au consommateur final avec la clause de commercialisation prévue en bout de chaîne. Les investisseurs étrangers vont-ils être attirés par les activités de l'aval pétrolier comme ils l'ont été par la recherche-exploitation de pétrole et de gaz ? La conférence internationale stratégique n'a pas permis d'obtenir une réponse univoque à cette question. Pour un des participants étrangers, « cela dépendra du cas par cas. Ainsi le raffinage pétrolier n'aura aucun mal à attirer des partenaires compte tenu de la forte demande mondiale et de la sécurité offerte par le marché domestique. J'ai vu qu'il y avait un ambitieux programme de relance de la pétrochimie. Ce sera plus délicat selon les produits dans ce cas ». Pas moins de dix appels d'offres sont en effet programmés dans les prochains mois pour différents projets de pétrochimie et de gazo-chimie mettant un terme à une trêve de nouveaux investissements de plus de 20 ans. Durant ce temps l'offre régionale s'est considérablement développée notamment dans les pays du Golfe comme est venu le montrer à Oran Abderahman Al Ubaid, vice-président polyoléfins, de la SABIC, la compagnie saoudienne. L'Algérie a-t-elle accusé un retard irrémédiable sur cette filière ? Le président de Sonatrach Mohamed Meziane a reconnu « quelques expériences malheureuses dans la pétrochimie, par défaut de maîtrise complète des technologies des procédés ». C'est ce qui explique peut-être les très longs délais utilisés pour la direction aval de Sonatrach pour rendre les résultats de deux précédents appels d'offres ; et « choisir le partenaire aux mieux des critères techniques ». Autre entrave, les investissements dans la pétrochimie – à la rentabilité différée - butent sur des contraintes plus fortes de montages financiers. La présence de la SFI – filiale de la Banque mondiale pour l'investissement - à Oran sur ce thème laisse entendre que les opportunités sont réelles dans la relance de l'industrie pétrochimique algérienne.