La diminution de l'offre d'emploi ces deux dernières années, subséquemment à la chute des prix du pétrole, n'a pas été sans incidence directe sur le recrutement au niveau des entreprises pétrolières dans le bassin de Hassi Messaoud, premier pourvoyeur d'emploi. Une nouvelle cohorte de chômeurs a repris le flambeau de la contestation organisée à Ouargla, ces derniers jours, interpellant les autorités locales et plus particulièrement le wali sur leur situation. Hocine, Ahmed et une trentaine de demandeurs d'emploi se retrouvent chaque matin en face du portail latéral du siège de la wilaya, où ils ont élu domicile entre deux grands palmiers qui portent leurs revendications en anglais dans un message implicite, soulignant leur maîtrise de cette langue étrangère exigée par toutes les sociétés pétrolières nationales et multinationales actives dans le bassin de Hassi Messaoud. «I need a job» est une phrase qui en dit long sur l'ampleur du chômage qui touche les enfants de Ouargla, qui sont cette fois-ci pénalisés par la crise pétrolière et la rareté des postes. Malgré le recrutement de centaines d'entre eux, plus précisément 6492 placements pour la seule année 2016, selon les statistiques officielles de l'Anem de Ouargla, la demande reste très forte et largement supérieure à l'offre qui a chuté de plus 23 000 en 2014 et 19 000 en 2015 à 10 879 en 2016. Un autre groupe de chômeurs, constitué en juillet dernier après la parution des résultats d'un concours de Mud Logging à l'Ensp destiné à recruter 40 travailleurs est venu grossir les rangs. Plus de 500 candidats auraient été orientés par les services de l'Agence de l'emploi, selon le DRH de cette entreprise pétrolière très convoitée, alors que la norme voudrait que chaque poste soit disputé par trois candidats au maximum. Depuis trois mois, et alors que l'ENSP a encore présenté à l'Anem de Ouargla un nouveau planning de recrutement publié les 26 et 27 septembre sur la page Facebook de l'agence, le collectif des chômeurs diplômés a multiplié ses sorties devant la wilaya et à l'occasion du Salon de l'emploi organisé mercredi et jeudi par Laroui Career Center qui les a vainement appelés à se rapprocher des entreprises présentes sur place, dont justement l'ENSP, RedMed et Shlumberger qui ont exposé deux jours durant et reçu des centaines de CV et candidatures spontanées. Encore une ! Une enquête sur le logiciel de gestion des offres d'emploi El Wassit mis en place par l'agence nationale de l'emploi ANEM est revendiquée. Un dialogue de sourds où tout le monde se renvoie la balle en cette rentrée sociale tumultueuse. La wilaya renvoie les manifestants à l'Anem, qui leur présente les offres tous les mardis avec le dispatching hebdomadaire sur les différentes agences de la wilaya. Les chômeurs, eux, crient au complot et ne font plus confiance à personne, ni aux agents accusés de corruption organisée, ni au logiciel accusé d'être taillé sur mesure et de ne pas respecter les profils avec occultation préméditée des postes jugés intéressants et encore moins les entreprises accusées de recrutement planifié en dehors du circuit de l'Anem, car accusant la main- d'œuvre locale de sous-qualification et d'absence de compétences notamment linguistiques et techniques. Il est à souligner qu'en 2016, Abdelmalek Sellal, Premier ministre à l'époque, avait répondu par l'affirmative à une question écrite de l'ex-député El Karama, Mohamed Daoui. Il avait reconnu que 191 dérogations exceptionnelles avaient été délivrées par les walis du Sud pour le recrutement de 5964 personnes en dehors de ces wilayas, vu l'absence des profils demandés par les entreprises.