Non à l'impunité, non à l'oubli !» C'est le cri que vient de lancer, une nouvelle fois, le Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA) qui organise, depuis hier au siège du FFS à Alger, «les journées contre l'oubli» pour rappeler à l'opinion, à l'occasion du 12e anniversaire de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, que les victimes cherchent encore la vérité. «Cette charte est une énième amnistie pour les auteurs des crimes, après la loi sur la rahma de 1995 et la concorde civile de 1999. On a pardonné aux bourreaux sans demander l'avis des victimes», lance Nacéra Dutour, porte-parole du CFDA, lors d'une conférence animée en compagnie de Chérifa Kheddar, responsable de l'association Djazaïrouna, de Hassan Ferhati, représentant de SOS disparus. Rappelant la campagne menée par le collectif contre la charte en 2005, elle relève les interdits imposés aux victimes par ce texte. «Les victimes sont empêchées de porter plainte contre les responsables de cette tragédie et elles sont aussi menacées de poursuites judiciaires et d'emprisonnement en vertu de l'article 46 de la charte», condamne-t-elle. Mais les familles des disparus refusent d'abdiquer. «Nous allons continuer à parler de nos victimes. Quand on écrit l'histoire, on ne tourne pas la page vide. Ce qui s'est passé doit être lu par les générations futures. Il faut dire la vérité. C'est un droit pour tous les algériens», lance-t-elle. Précisant que le collectif avait présenté une charte alternative, Cherifa Kheddar s'interroge sur le sort de la Commission nationale de suivi de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Jusqu'à aujourd'hui, nous ne savons pas que devient cette commission qui a été installée officiellement. Où est sont rapport ? Pourquoi ne s'est-elle pas rapprochée des familles des victimes ?» demande-t-elle, précisant que «la paix ne peut être décrétée par un texte». Présente parmi les conférenciers, Boucherf Fatma-Zohra, vice-présidente de SOS disparus, affirme que les familles des victimes des disparitions forcées «ne pardonneront pas». «Nous cherchons la vérité sur les milliers de personnes disparues. Si elles sont mortes, qu'on nous dise où sont enterrés les corps. Pourquoi refuse-t-on d'ouvrir les tombes des Algériens enterrés sous x à El Alia et effectuer des tests ADN ?» interroge-t-elle. Rappelons que le président Bouteflika n'a pas montré une volonté de résoudre cette question dès son arrivée au pouvoir. Abondant dans le même sens, Hacène Ferhati affirme qu'il y a 3300 Algériens enterrés sous X à El Alia. «Qu'ils ouvrent ces tombes pour faire jaillir la vérité», lance-t-il, en dénonçant à nouveau les différentes déclarations de Farouk Ksentini, ancien président de la CNCPPDH. S'exprimant sur la diffusion des images choquantes des massacres des années 1990 par l'ENTV, les conférenciers estiment que le but recherché «est celui de faire peur aux Algériens». Un programme très riche a été préparé pour animer ces journées, dont des conférences-débats sur le thème des disparitions forcées, des expositions et la projection d'un film témoignage réalisé par Hacène Ferhati et Othmane Aouameur.