L'ouvrage de près de 300 pages, de l'universitaire Abdelaziz Khati, La Kabylie par ses romanciers, n'est pas un who's who des auteurs originaires de la Kabylie comme son titre peut le suggérer. C'est plutôt un travail d'exploration sociologique de la Kabylie à travers certaines œuvres de romanciers connus, comme Mouloud Mammeri et Mouloud Feraoun, ou encore d'un romancier méconnu du grand public, Mohammed Haddadi, contemporain de Feraoun,décédé en 2008 à un âge avancé. Dans La Kabylie par ses romanciers, divisé en trois parties, l'auteur examine à travers les personnages phares des romanciers de Kabylie (Mammeri, Feraoun et Haddadi), les anciennes lois, le code d'honneur, la religion et les effets de la colonisation sur la population de Kabylie. Abdelaziz Khati réserve dans son ouvrage une place importante à l'émigration et son impact sur l'individu en termes de traditions et de modernité. Le lecteur aura à découvrir une autre lecture de La colline oubliée à travers Mokrane ou Menach, par exemple. La complexité de la société kabyle est également analysée du point de vue du rôle de la femme. Toute la troisième partie de l'ouvrage est consacrée à cet aspect. Le monde féminin est représenté par des personnages, tels que Kamouma de La terre et le sang, de Feraoun, qui dépeint la condition féminine dans cette région d'Algérie. Dans l'introduction, Khati explique au lecteur que son ouvrage a tenté de «mieux comprendre la réalité par la littérature. Cette démarche littéraire, au-delà de son caractère sociologique et anthropologique, a l'avantage d'éviter la rigidité des théories sociologiques que l'on serait tenté d'appliquer à ces romans». Outre son caractère académique, La Kabylie par ses romanciers est présenté de manière pédagogique. Une découverte de La malédiction (1988), de Haddadi, et une redécouverte de La terre et le sang (1953) de Feraoun et La colline oubliée (1952) de Mammeri. A lire ! Abdelaziz Khati La Kabylie par ses romanciers 284 pages. Casbah Editions.