La nouvelle cité de Tala Athmane (15 km à l'est de la commune de Tizi Ouzou) vit, depuis près d'une semaine, un climat de psychose après le décès d'un jeune de 25 ans qui aurait été atteint de leptospirose. Cette « épidémie » transmissible par voie cutanée et nasale serait aussi à l'origine de l'hospitalisation de près d'une dizaine d'autres personnes au centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, toutes des résidentes de ce quartier abandonné. L'hypothèse de la consommation de l'eau de source, contaminée par une bactérie appelée leptospire et portée par les rats, demeure la seule explication à ce drame, en attendant les résultats des analyses à l'Institut Pasteur d'Alger, apprend-on de sources hospitalières. Au niveau du CHU, le flux des résidents de la nouvelle cité de Tala Athmane n'a pas cessé depuis vendredi dernier pour effectuer les examens nécessaires et se prémunir éventuellement contre la maladie. Une ambulance et un médecin spécialiste ont été affectés au dispensaire du village afin d'éviter tout encombrement au niveau du service des urgences du CHU. Parallèlement, la mauvaise répercussion de l'information, à travers certains médias, a créé une grande panique chez les habitants des autres localités de la wilaya. Dans la matinée d'hier, il était ainsi quasiment impossible de trouver une bouteille d'eau minérale dans les magasins de la ville. Un médecin privé, exerçant au niveau de Tala Athmane, répond que « personne n'est encore sûr de l'origine du mal pour pouvoir affirmer que les sujets examinés sont tous contaminés par la même bactérie ». La prolifération des décharges sauvages à proximité des sources d'eau naturelles et le ruissellement des eaux usées à l'air libre, à quelques mètres des habitations, ont largement concouru à la propagation de la maladie, avancent d'autres sources. La gravité de la situation a mobilisé tous les services concernés de la commune de Tizi Ouzou, le chef de daïra et les services de la santé de la wilaya se sont déplacés dans la nuit de dimanche à Tala Athmane. Dans la matinée d'hier, les sources d'eau suspectées ont été nettoyées et interdites d'utilisation. Les égouts ont été débouchés et les ordures ménagères, entassées depuis des années sur un terrain agricole, sont évacuées par les camions de l'APC. Au niveau de la commune de Tizi Ouzou, l'on affirme ignorer l'existence des deux décharges à ces endroits pour justifier leur absence du terrain. Le responsable du service nettoiement accuse les citoyens d'incivisme. « Il est normal que les gens tombent malades lorsqu'on les voit acheter de la sardine tard dans la journée et jeter leurs ordures ménagères à côté d'une source naturelle », dit-il. Cependant, l'on se demande ce que font les services d'hygiène de cette même administration pour interdire la vente de ce genre de produits dans des conditions déplorables. Rencontrés à la sortie de leur quartier, des habitants de la nouvelle cité démentent formellement les propos tenus par les représentants de la commune de Tizi Ouzou. « Le camion de ramassage des ordures ne passe que rarement dans notre quartier. Lorsqu'on l'interpelle, l'APC se contente de pousser ces décharges non loin de notre cité et de les ensevelir sous du sable. Les réseaux d'assainissement ne sont jamais convenablement entretenus et les conduites d'eau potable n'ont pas été refaites depuis plus de vingt ans », dira un jeune, l'air révolté. Le chef de service d'hygiène se défend et déclare que l'opposition d'un propriétaire terrien a empêché l'achèvement des travaux d'assainissement, interrompus depuis le milieu des années 1990. Ce dernier affirme que la commune a effectué, il y a deux mois, des campagnes de dératisation, d'abattage de chiens errants et mené des opérations de démoustication dans cette localité. Quant aux habitants de la nouvelle cité, ils affirment que rien n'a été fait pour garantir une meilleure hygiène et éviter qu'un jeune meurt à cause d'une maladie censée être éradiquée depuis longtemps.