Sortie de l'anonymat suite à la mort tragique d'un jeune de 25 ans, atteint de leptospirose, la vieille « cité » de Tala Athmane (15 km à l'est de Tizi Ouzou) n'a pas fait l'objet d'une sérieuse prise en charge de la part des pouvoirs publics. Les habitants de ce quartier déshérité attendent que les responsables de la daïra et de l'APC de Tizi Ouzou concrétisent leurs promesses concernant l'éradication totale des décharges sauvages qui étaient à l'origine de la leptospirose. Cette maladie avait coûté, rappelons-le, la vie à une personne et provoqué l'hospitalisation de plusieurs dizaines d'autres au CHU de Tizi Ouzou. Malgré le risque d'une nouvelle contamination, les services de la voirie de l'APC n'ont pas encore totalement débarrassé les résidents de la cité de ces tonnes d'ordures, amassées à proximité des habitations. L'engin affecté sur place tentait plutôt d'enterrer avec de la terre ce qui reste d'une ancienne décharge, avons-nous constaté. Ayant servi de barrières pour les champs et d'abri pour les rats, les figuiers sauvages qui avaient été coupés sont abandonnés sur place. « L'APC nous a demandé de les arracher et promis d'envoyer un camion pour les jeter dans la décharge communale. Les services d'entretien se sont aussi engagés à nous fournir du grillage pour clôturer nos champs et protéger nos maisons mais nous attendons toujours. Le ramassage des ordures ménagères se fait aussi d'une manière irrégulière depuis quelque temps », dénonce un résident, l'air révolté. En bas de la cité, les eaux usées continuent à ruisseler à l'air libre, en attendant l'achèvement des travaux de réalisation du réseau d'assainissement. Ces derniers étaient à l'arrêt depuis près d'une vingtaine d'années, ce qui a entraîné la mort d'une dizaine d'arbres fruitiers et rendu toute activité agricole impossible. Au milieu de ce paysage désolant, des chiens errants se baignent dans une mare d'eaux usées. Pour justifier leurs négligences, les responsables de l'APC ont injustement accusé un propriétaire terrien, d'opposition. Documents à l'appui, le fellah mis en cause a formellement démenti les propos tenus par le chef de service d'hygiène de la commune de Tizi Ouzou. Un représentant de la cité dénonce à son tour l'arrêt du sablage des ruelles de son quartier qui deviennent impraticables durant l'hiver. Selon lui, la réfection des conduites d'eau potable et de réseau d'assainissement à l'intérieur de la cité n'est pas à l'ordre du jour. Notre interlocuteur déclare aussi qu'aucune famille n'a bénéficié d'une aide au logement jusqu'à ce jour. Pourtant, une vingtaine d'entre elles vivent dans des conditions déplorables, avons-nous remarqué. Construites durant l'époque coloniale, les bâtisses qui servent de maisons pour des familles nombreuses et pauvres risquent à tout moment de s'effondrer. Le séisme du 21 mai 2003 les a sérieusement endommagées. Il suffit de voir les fissures visibles des murs, les infiltrations des eaux de pluie de la toiture pour se rendre compte de la gravité de la situation. La prolifération des élevages sauvages qui constituent parfois la seule source de revenus de ces familles renseigne davantage sur le climat de misère régnant. Au cœur de ce bourbier, l'on ne doit pas s'étonner s'il y a épidémies, mais l'on se demande toutefois quand est-ce que les pouvoirs publics apprendront à faire dans la prévention !