Promesse tenue. Le second tour des élections législatives en Mauritanie s'est déroulé le 3 décembre, dans de bonnes conditions. Tout le monde l'a attesté hier : les partis en lice, les candidats indépendants, la commission nationale indépendante de surveillance des élections et les quelque 200 observateurs étrangers. Cette réussite s'ajoute à celle du premier tour, qui s'est tenue le 19 novembre en parallèle avec les élections municipales. La transparence et la neutralité de l'administration ont été ainsi doublement confirmées. Les résultats complets donnés hier par la presse mauritanienne confortent bien la tendance exprimée lors du premier tour. La Coalition des forces du changement démocratique (CFCD), regroupant les onze partis qui se sont traditionnellement opposés à l'ancien pouvoir de Mouaouya Ould Taya, s'est affirmée comme première force politique du pays, avec 41 sur 95 sièges de députation. Au sein de cette même coalition, le parti du leader de l'ex-opposition, Ahmed Ould Daddah, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) en l'occurrence, a consolidé sa position en tête des quelque 35 formations qui meublent le paysage politique mauritanien. Le RFD a en effet obtenu, à lui seul, 15 sièges de députation. Soit plus d'un tiers des sièges arrachés par l'ensemble de la coalition. Cette dernière est talonnée de près par le groupe des indépendants, qui a si bien réussi à créer la surprise de ces premières élections démocratiques et transparentes dans l'histoire de la Mauritanie. Le groupe des indépendants, qui s'est engagé dans le deuxième tour avec 34 listes contre 32 seulement de la CFCD, a bien mérité cette seconde place en réussissant à rafler 29 sièges sur les 52 qui étaient en jeu. Un tel résultat lui a permis de conforter sa place à l'Assemblée avec en tout et pour tout 39 députés. Le Parti républicain pour la démocratie et le renouveau (PRDR, ancien parti au pouvoir) a confirmé sa décadence sentie au premier tour. Il n'a pu en effet obtenir que 7 sièges. Mais il reste qu'il pourrait toujours compter sur huit autres sièges remportés par des partis traditionnellement alliés. La fulgurante percée des indépendants au second tour, tant redoutée par les partis, notamment de la CFCD, a fait qu'aucune majorité ne s'est dégagée des 95 députés issus de ces élections. Des alliances devraient être conclues afin de dégager cette majorité si importante pour l'avenir de cette première Assemblée élue démocratiquement en Mauritanie. Ainsi, un rapprochement éventuel entre la CFCD et certains députés indépendants n'est pas à exclure. Peu importe, la réussite de cette étape constitue un pas important dans la poursuite du processus de transition démocratique engagé par les instigateurs du coup d'Etat du 3 août 2005. Il reste ainsi deux étapes au terme desquelles la junte devrait remettre définitivement le pouvoir aux civils, il s'agit des élections sénatoriales de janvier 2007 et de la présidentielle en mars de la même année.