Scénario Tout en annonçant son départ précipité de la présidence de la République en septembre 1998, Liamine Zeroual avait promis de tenir une élection présidentielle anticipée dans la «transparence». Pour cela, il avait tenu à nommer un gouvernement «neutre» avec à sa tête Smaïl Hamdani, qui était jusque-là sénateur, en guise de bonne volonté. Composé de technocrates, le gouvernement Hamdani avait pour seule mission de préparer et d?organiser la présidentielle fixée au mois d?avril 1999. Les craintes de la classe politique de voir encore une fois les élections «truquées» par l?administration se sont quelque peu atténuées avec la nomination de Smaïl Hamdani à la tête du gouvernement, au vu du parcours de l?homme et de la crédibilité dont il jouissait, sans pour autant que disparaissent ces appréhensions. Il faut dire que l?expérience des élections législatives et locales de 1997 était encore vivace dans tous les esprits. Qu?à cela ne tienne, des hommes politiques qui ne croyaient pas tellement en les garanties données par le président Zeroual d?assurer un scrutin «propre», à l?image de Hocine Aït Ahmed, d?Ahmed Taleb Ibrahimi, de Abdallah Djaballah, se sont engagés dans la bataille non sans écarter l?éventualité de se retirer à tout moment s?ils voient que le pouvoir ne joue pas le jeu. Avec l?entrée en lice de ces candidats, aux côtés de Hamrouche, Youcef El Khatib et Mokdad Sifi et bien sûr Abdelaziz Bouteflika, l?élection présidentielle de 1999 semblait partir pour être «la plus crédible des élections» dans l?histoire de l?Algérie indépendante, d?autant plus qu?Ahmed Béjaoui, l?éminent juriste de la Cour de La Haye, venait d?être nommé à la tête de la commission de surveillance des élections. Mais après une campagne électorale qui s?est déroulée dans de bonnes conditions dans son ensemble, les candidats engagés dans la compétition, à l?exception du «candidat du consensus», reviennent à la charge et manifestent leurs plus vives craintes quant à la régularité du scrutin quelques jours seulement avant le rendez-vous. Le pouvoir, n?ayant pas pris de mesures à même de rassurer les «six», ces derniers décident, à la surprise générale, de se retirer de la course à la veille des élections, laissant Bouteflika seul briguer le mandat présidentiel mis en jeu. Malgré ce spectaculaire retrait, les élections ont été maintenues et Bouteflika avait été élu avec plus de 60 % des voix. Ahmed Taleb Ibrahimi, en dépit de l?appel qu?il avait adressé, au même titre que les 5 autres candidats, à ses militants de s?abstenir de voter, avait obtenu quelque 1,2 million de voix, selon les chiffres du ministère de l?Intérieur. Interrogé le jour du vote sur la tournure prise par les événements, Abdelaziz Bouteflika avait eu cette phrase : «Si le peuple ne veut pas de moi, je rentre chez moi.»