Les responsables de la région sarde sont décidés à mettre un terme à l'arrivée «trop massive», selon eux, de harraga en provenance de Annaba. Pour ce faire, une ancienne prison sera transformée en centre d'expulsion, pour accélérer le rapatriement forcé des nouveaux débarqués. Ce centre de permanence et de rapatriement sera un instrument de dissuasion pour les flux migratoires pour «dire à ceux qui s'apprêtent à monter sur une barque à destination de la Sardaigne, pour immigrer illégalement, qu'ils ne pourront plus utiliser l'île comme porte d'entrée pour l'Europe, mais qu'ils devront faire marche arrière», a affirmé le président de la région sarde, Francesco Pigliaru. Les jeunes Algériens (environ un millier chaque année), qui débarquent sur le littoral sarde, étaient jusque-là laissés libres de quitter par leurs propres moyens le territoire de l'île. A leur interpellation par les forces de l'ordre, un mandat d'expulsion, leur signifiant l'obligation de partir de la Sardaigne avant un court délai, leur était délivré, mais ces derniers tentaient l'aventure de poursuivre leur voyage vers le reste de la péninsule, voire l'Europe. Certains y réussissaient, en empruntant les ferries, d'autres étaient interceptés et expulsés vers l'Algérie, une opération rendue simple par le fait que les Algériens présentaient rarement une demande d'asile politique, qui aurait contraint les autorités italiennes à les maintenir plus longtemps sur le territoire européen, le temps d'examiner leur requête. Et bien que ces flux ne se soient pas accrus outre mesure, ces derniers mois, les autorités sardes ont lancé récemment d'insistants appels au gouvernement de leur pays, exigeant des mesures drastiques pour «empêcher les Algériens d'arriver sur l'île». «Ce sera un centre de détention administrative où les personnes seront enfermées en attendant leur expulsion (...). Le centre sera destiné principalement à freiner le flux en provenance de l'Algérie», renchérit l'assesseur aux affaires générales, Fillipo Spanu, selon ce que le journal online, Sardinia Post, a rapporté. Pour réaliser ce projet, et transformer l'ancienne prison de Macomer en centre de détention, une réunion s'est tenue, la semaine dernière, entre les responsables de la région sarde, du ministère de l'Intérieur et de la commune intéressée. Et bien que le maire de Macomer, Antonio Succu, ait tenté de rassurer ses concitoyens en leur expliquant que «les immigrés seront enfermés et ne pourront pas sortir du centre», des partis de droite hostiles aux étrangers ont rapidement constitué un comité pour s'opposer à l'ouverture de ce centre, considéré comme «une menace pour la sécurité des habitants». L'opposition a même exigé un référendum populaire pour décider de l'opportunité du projet. En attendant, les autorités ont entamé les vérifications sur place, sur le site de l'ancien centre pénitentiaire de BonuTrau, situé dans la commune de Macomer, dans la province de Nuoro, à 150 kilomètres de Cagliari, capitale de l'île. En 2016, 1100 immigrés se déclarant de nationalité algérienne ont débarqué sur l'île et la majorité en a été expulsée depuis. En 2017, ce nombre a atteint 1168, à la fin du mois de septembre. Une légère hausse, pourtant invoquée par les responsables de la région autonome, qui a interpellé le gouvernement italien, allant jusqu'à invoquer «une aggravation du taux de la criminalité locale». Des députés du parti de droite xénophobe, Fratelli d'Italia, ont même été jusqu'à exiger, en séance parlementaire, du ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, «la nécessité d'un blocus naval» pour empêcher, selon eux, l'arrivée de harraga en Sardaigne. «Nous savons que les Algériens sont dangereux et qu'ils se promènent tranquillement dans nos villes, et cela n'est pas acceptable», a prétendu l'un d'eux, Bruno Murgia, en juin dernier, alors que les Algériens débarqués sur l'île étaient à peine au nombre de 300.