Aujourd'hui, une manifestation citoyenne doit avoir lieu à Béjaïa pour soutenir les travailleurs de Cevital, non pas contre leur patron, en l'occurrence Issad Rebrab, comme on aurait pu le supposer, mais plutôt contre l'acharnement et la volonté d'exclusion du pouvoir à l'égard d'un investisseur qui a eu le mérite d'avoir édifié le premier groupe privé algérien. Premier contributeur privé national aussi, est-il nécessaire de le rappeler. Lequel est aujourd'hui dans le peloton de tête en matière de création de postes de travail. Salué à l'étranger pour son aptitude à sauver des emplois et des outils de production, menacés par la mondialisation et le phénomène des délocalisations, que ce soit en Europe ou ailleurs, le groupe qui incarne aujourd'hui une certaine vitalité dans le monde des affaires est, en outre, reconnu pour son apport au développement dans de nombreuses contrées du continent africain à travers la mise en place de projets intégrés. Reconnu donc partout ailleurs, sauf en Algérie et dans la région de Béjaïa, où le groupe est ouvertement l'objet d'un ostracisme économique de la part d'un pouvoir politique autoritaire n'hésitant pas à instrumentaliser une administration tatillonne et qui, de surcroît, dans sa tentative de diabolisation, lui prête des tentations hégémoniques, voire monopolistiques sur le marché algérien du sucre et des corps gras. Au point de contrarier de manière bureaucratique et des plus absurdes tout projet d'extension de ses activités, notamment celui de trituration de graines oléagineuses du complexe des corps gras à Béjaïa. Ce qui aurait eu pour conséquence d'accroître de manière considérable les capacités de production locales avec tout ce que cela sous-entend comme retombées, non seulement pour la région en matière d'emplois créés, mais également pour une plus grande satisfaction des besoins nationaux en matière d'huile et de corps gras alimentaires. Tous les blocages rencontrés aujourd'hui par Cevital restent inexpliqués pour l'opinion publique, qui ne comprend pas les raisons d'un tel acharnement des autorités contre l'investisseur en question. D'autant qu'il a été victime, dans un passé récent, d'une cabale, l'accusant d'être derrière des flambées de prix ou de pénuries savamment organisées et insidieusement relayées auprès des consommateurs par de puissants lobbys. A moins que les réelles motivations sont à rechercher ailleurs, sans doute dans la volonté d'un pouvoir qui par clientélisme voudrait, en multipliant de telles obstructions, favoriser ses soutiens politiques et financiers sur des segments de production sur lesquels est déjà implanté depuis longue date le groupe Cevital. On dit qu'un concurrent privé fidèle partisan et «fan» de Abdelaziz Bouteflika réclamerait avec insistance sa part, comme le ferait un enfant pour une tranche de gâteau. Une collusion d'intérêts en somme. Des blocages d'autant plus inexpliqués qu'ils sont injustifiés, mais qui n'en dissimulent pas moins les réelles intentions de leurs instigateurs, quand on sait par exemple que quelqu'un comme Ahmed Ouyahia, aujourd'hui Premier ministre, jugeait, quand il n'était pas à la tête du gouvernement, que les turpitudes subies par M. Rebrab étaient injustifiées. Ce qui laisse supposer que peut-être le patron du groupe est aujourd'hui en train de «payer» le choix qu'il a fait de ne pas faire partie en 2014 de cette oligarchie d'appuis inconditionnels au régime en place. Tout comme l'ex-Premier ministre, M. Tebboune, a payé de son poste la remise en question de rentes de situation accaparées par ce cercle de privilégiés organisé au sein du FCE et de ses dirigeants, dont la proximité avec le cercle présidentiel est un secret de polichinelle.