Après une semaine d'une grève de la faim particulièrement éprouvante, la directrice du journal El-Fadjr, Hadda Hazem a mis fin à son action. Mais avant d'arrêter son action, la journaliste a reçu le soutien de dizaines de journalistes, militants politiques, syndicalistes et défenseurs es droits de l'homme. Un rassemblement de soutien à la journaliste a été organisé, hier matin à la Maison de la Presse, Tahar Djaout. Des dizaines de militants, de divers horizons, sont venus notamment dénoncer la crise financière que vit El Fadjr à cause de sa privation de la publicité étatique depuis que sa directrice a accordé une interview à une chaîne de télévision étrangère. Mais dans cette crise, se cache en réalité un véritable enjeu : le monopole qu'exerce l'Etat sur la publicité étatique est utilisé par les autorités comme une arme contre les journaux et journalistes récalcitrants. «Il faut que le monopole sur la publicité étatique soit levé», a déclaré Omar Belhouchet, directeur d'El Watan et membre du comité de soutien au journal El fadjr. «L'argent public ne dot plus être utilisé par les responsables de notre pays pour faire pression sur les journaux critiques. Nous sommes des patriotes. Hadda Hazem est patriote, peut-être plus que ceux qui lui ont coupé les vivres », a-t-il critiqué. El Kadi Ihsane, journaliste et membre du comité de soutien au journal El Fadjr, a précisé que « ce rassemblement est l'occasion de rappeler que le monopole de l'Etat sur la publicité est utilisé pour faire pression sur la parole libre». «Il fait arrêter avec la voyoucratie», peste, pour sa part, Montassar Oubetroune, journaliste indépendant. «Le rassemblement a pris acte de la situation désastreuse de la presse algérienne après des années de chantage à la publicité par les pouvoirs publics. Le combat d'Al Fajr et de sa directrice marque un tournant. « La revendication de lever le monopole sur la publicité publique est au cur d'un nouveau pacte pour sauvegarder la diversité de la presse algérienne et l'indépendance éditoriale du journalisme », note dans ce sens un communiqué du comité de soutien. Le comité de soutien à Al Fajr est déterminé à poursuivre la mobilisation. Il est ouvert à tous les apports. Il interpelle l'ensemble de la profession, les acteurs de la société civile, la classe politique et l'opinion publique. Il faut en finir avec le modèle obsolète de mise sous tutelle de la liberté de l'information par le pouvoir politique en Algérie. A cet effet le comité engage des consultations afin de doter l'action de Hadda Hazem et d'Al Fajr des prolongements stratégiques qui pèseront sur l'avenir de l'ensemble de la presse algérienne», ajoute le texte. «Que le ministre rende publiques toutes les dettes !» Visiblement gêné par la mobilisation des journalistes, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a voulu jouer sur les chiffres. Il a précisé, dans une déclaration faite à la presse hier à Alger, que « le problème du quotidien El-Fadjr est strictement économique ». Il a, notamment, fait savoir, que ce journal « a bénéficié de 76 milliards de centimes en huit ans, et quatre milliards de centimes en sept mois durant l'année en cours ». La directrice d'El Fadjr, Hadda Hazem, contactée en fin de journée, n'a pas nié les chiffres. Mais elle s'interroge sur les motivations du ministre. «Je défie le ministre de la Communication de rendre publics tous les chiffres, toutes dettes des journaux », a-t-il indiqué, la voix faible. « Mais cet argent n'est pas parti dans ma poche. Le ministre a oublié de rappeler que El Fadjr emploie 60 personnes qui sont correctement payés et déclarés à la sécurité sociale. Mr kaouane peut-il rendre publique la comptabilité de dizaines de journaux, financés par l'argent de l'Etat, qui ne paraissent même pas ! », s'est-elle indignée. « J'ai une comptabilité irréprochable », a insisté mme Hazem, qui se réserve « le droit d'attaquer le ministre en justice ».