Quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote pour les élections aux Assemblées populaires communales et de wilaya, les services de la wilaya de Khenchela ont pris une décision «étonnante» : le changement des chefs de centre de vote, au chef-lieu de la wilaya, par les directeurs exécutifs. Selon une source fiable, cette décision a été prise à la dernière minute par le wali après que des rapports, dont la source n'a pas été spécifiée, mettaient en garde contre de nombreux chefs de centre de vote «qui vont travailler pour faire passer un candidat particulier, un ancien élu qui a exercé plusieurs mandats depuis 15 ou 20 ans». Les rapports indiquent que ces chefs de bureaux de vote «ont été choisis par les fonctionnaires de l'APC, où ils font entrer leurs connaissances (maarifa) afin d'assurer les résultats des élections en faveur de leur candidat». La chose étrange est que ce candidat a déposé un recours auprès de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) sur ce changement de dernière minute, qui semble avoir perturbé ses calculs. Plusieurs autres candidats accusent ce candidat «particulier» de porter des modifications sur la carte démographique de la commune de Khenchela à des fins électorales, en profitant de son poste. Ils lui reprochent d'avoir domicilié 400 personnes à Khenchela, alors qu'elles n'y résident pas. Ces personnes se sont vu attribuer des certificats de résidence, ce qui a donc permis de lui constituer des électeurs potentiels pour cette échéance électorale. Faible affluence A Constantine, en dépit des appels du pied des pouvoirs publics pour une participation massive, la population, loin d'y répondre, a décidé, semble-il, en cette matinée, de déserter les bureaux de vote. C'est ce qu'on a pu constater en tout cas lors de notre visite, hier, à deux centres de vote, ceux du CEM Hamoudi Saïd, à Sidi Mabrouk supérieur, et de l'école primaire Messaoud Boudjeriou, au centre-ville dans le quartier de Saint-Jean. L'affluence des citoyens était réduite à sa plus simple expression dans ces deux centres de vote où la participation vers 11h s'est limitée, selon certains des encadreurs du scrutin interrogés, à quelques personnes. Ce qui a poussé l'un d'eux à dire avec une pointe d'ironie : «Même les personnes âgées, qui d'habitude votaient tôt le matin, ont préféré aujourd'hui faire la grasse matinée.» On a noté, à la faveur d'une petite virée au centre-ville, que certains produits de première nécessité, comme le lait en sachet qui disparaissait d'habitude des étals dès les premières heures de la matinée, étaient disponibles à profusion. L'administration locale a fait donc sienne l'adage qui dit que la fin justifie les moyens en cette journée électorale et tous les moyens ont, semble-t-il, été utilisés pour s'attirer les bonnes grâces des citoyens et les inciter à voter. Ceci dit, concernant les chiffres avancés à travers les canaux officiels de l'administration locale, le taux de participation à 11h était de 5,84% pour les APC et de 5,24 % pour l'APW, alors qu'en 2012 les taux de participation pour les élections des Assemblées populaires communales et de wilaya n'avaient pas dépassé, à la même heure, le seuil des 3%. Ils ont atteint les 11% au pointage de 13h. Le corps électoral dans la wilaya de Constantine s'élève à 575 321 électeurs qui ont choisi leurs représentants parmi les 11 listes en lice pour l'APW et 84 autres pour les APC. Notons par ailleurs que le nombre de bureaux de vote est de 1345, répartis sur 210 centres, pour lesquels 19 480 encadreurs ont été désignés par l'administration locale pour veiller au bon déroulement du scrutin. Pas de bousculade Ce n'était pas la bousculade habituelle vers 10h dans presque tous les bureaux de vote de la wilaya. La température n'y est pour rien puisqu'il faisait relativement doux. Le taux de participation officiel était de 7,71% pour les APC et de 7,74% pour l'APW. Il y avait plus de monde devant les bureaux que dedans. Ce sont en effet les rabatteurs de voix qui faisaient l'animation de ce début de journée un peu morne. Le corps électoral d'El Tarf compte 319 612 électeurs qui peuvent voter dans 791 bureaux, dans les 24 communes. Il y a 459 candidats, dont 139 femmes pour les sièges de l'APW et 2595, dont 384 femmes pour les APC. «La faute aux partis politiques» Hier à 11h, le taux de participation était arrêté à 6,05% (soit 19 507 votants) pour les APC et à 6,11% (soit 19 682 votants) pour l'APW à Souk Ahras. Les partis politiques, en mal d'ancrage populaire dans leur majorité, ont trouvé du mal à faire sortir les électeurs en matinée, si bien qu'un grand nombre de bureaux de vote étaient totalement vides jusqu'à midi. Ceux qui misent sur la gent féminine attendent, à l'heure où nous rédigeons cet article, une meilleure mobilisation de la part des formations politiques, minées, pour rappel, par les clivages internes et des animosités dues aux confections des listes, faites toutes dans la protestation. «Une campagne électorale menée dans un climat de dissidence et de précipitation, sans compter les choix de certains candidats, ne peut qu'aboutir à tels résultats», a déclaré un votant qui se dit, pourtant, convaincu que le choix du nouveau maire doit passer par les urnes. Pour d'autres personnes questionnées à ce sujet, l'heure est d'abord à l'assainissement de toutes ces formations politiques qui «naissent» à l'approche de chaque échéance électorale et «disparaissent» le lendemain, comme par enchantement, laissant derrière elles des cartels financiers qui auront toute latitude de plumer le peuple dans une impunité totale. Au passage de quelques véhicules de candidats, l'ambiance était à l'indifférence, hier, et les navettes à bord des véhicules personnels des militants de certains partis politiques n'ont pu produire les effets escomptés, car une bonne partie des fonctionnaires a mis à profit ce jour chômé pour vaquer à d'autres affaires. Un jeune universitaire a résumé sa position dans les propos suivants : «Au vu de toutes ces fortunes amassées en cinq années par les maires de Souk Ahras, je conçois autrement l'exercice du droit électoral… j'abrège : c'est la faute aux partis politiques.»