Un rassemblement, à l'occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, qui coïncide avec la date du 25 novembre, a été organisé par un collectif de féministes à la place de la Liberté d'expression Saïd Mekbel, dans la ville de Béjaïa. Des acteurs politiques, des citoyens lambda, des universitaires et des journalistes ont rejoint cette manifestation pour adhérer au mot d'ordre lancé sur les réseaux sociaux par des militantes : «Toutes ensemble brisons le silence !», «Toutes ensemble, luttons pour notre dignité !». Lors de cette manifestation, des femmes ont insisté sur «les perspectives de leur mouvement qui est appelé à s'élargir». Ce rassemblement se veut, pour elles, «le départ pour le mouvement féministe en Algérie, puisque la voix de la femme est en voie d'extinction». A ce propos, Wissam, militante de la cause féminine, estime qu'il est «temps de rassembler toutes les femmes pour travailler de concert et se mobiliser dans un cadre organisé pour vaincre et donner la place qui sied à la femme dans la société». Les violences verbales et physiques et la violence conjugale continuent et les lois ne sont pas suffisantes pour dissuader les auteurs de la brutalité envers les femmes. Pour notre interlocutrice, «le code de la famille, qui réduit ainsi la femme dans notre pays au statut de mineure à vie, ouvre une fenêtre à l'époux pour qu'il sorte toujours vainqueur». Et d'ajouter qu'en plus de la responsabilité de l'homme, «l'aspect religieux d'où est puisé le code de l'infamie ainsi que le conservatisme pèsent de tout leur poids sur la société et maintiennent la condition féminine en l'état». Dans ce sillage, l'une des intervenantes n'a pas manqué de répondre, sans la citer, à la présidente du Parti pour l'équité et la proclamation (PEP), Naïma Salhi, «une islamiste qui revendique la polygamie» que «vous ne nous représentez pas. Nous nous identifions aux héroïnes de la guerre de Libération». Dans une déclaration rendue publique, les organisatrices estiment : «En Algérie, les femmes, grâce à leur combat, ont arraché des espaces. Mais ce ne sont que de maigres acquis par rapport à ce qui reste à faire, et qui sont, de surcroît, sans cesse menacés de disparition.» Elles constatent avec amertume que «les femmes algériennes ne sont en sécurité nulle part, ni dans la sphère publique où elles sont insultées, harcelées, tabassées voire brûlées vives ou écrasées par des voitures, ni dans le milieu professionnel où elles subissent pression et harcèlement, ni même au sein de la famille où elles font figure de souffre-douleur». Les féministes accusent, dans le même document, «les milieux conservateurs et du travail de sape mené doucement mais sûrement par certains cadres zélés et résolument misogynes», qui exercent des pressions sur l'Etat au point que ce dernier a reculé sur la question de la femme.