Le code la famille, dont l'amendement a été annoncé par le chef de l'Etat l'an dernier, est la cible d'attaques d'autres partis et associations. La célébration de la Journée internationale de la femme n'est pas vue de la même manière par tous et toutes. Entre ceux qui savent prendre les acquis en attendant mieux et ceux qui se contentent de peu, il y a des extrémités parfois inconciliables. Et à côté des islamo-conservateurs qui pensent que tout droit arraché par les femmes est un «intrus occidental», il y a ceux qui, dans la classe politique et les associations féministes, veulent toujours plus. Ce qui est d'ailleurs leur rôle.Parmi les voix féminines et féministes qui se font entendre ces derniers temps, Fatiha Benabou, constitutionnaliste, préfère positiver. Elle estime que «la récente loi contre les violences faites aux femmes est un acquis considérable qui permet la préservation de leur intégrité physique, jusque-là considérée comme faisant partie du domaine privé de la famille où l'Etat n'a pas le droit de pénétrer». Cela s'applique, aussi, au volet politique. «L'acquis le plus important reste sans conteste la loi organique fixant les modalités d'élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues», dit Mme Benabou. Mais pour la femme de loi, l'acquis, dans ce domaine, s'arrête à cela. Elle pointe du doigt «la désaffection des femmes à l'égard du vote». Ce qui est, pour elle, «un phénomène dramatique en Algérie». Pour l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumer, le fait qui a marqué la célébration de la Journée de la femme est «une avancée à saluer et à préserver après avoir vaincu la résistance des forces du conservatisme, nos luttes ont conduit à l'adoption de la loi condamnant les violences faites aux femmes». Mais l'association féministe ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. «Cette victoire incite notre association à rappeler la nécessité de la mobilisation pour arracher encore plus de droits», écrit-elle. Elle met en cause le code de la famille qui «demeure un obstacle à l'émancipation des femmes algériennes. Son abolition serait sans aucun doute un grand pas pour l'affirmation des droits des femmes et pour asseoir la démocratie et la justice sociale» Le code la famille, dont l'amendement a été annoncé par le chef de l'Etat l'an dernier, est la cible d'attaques d'autres partis et associations. L'économie au cœur des craintes Le Mouvement démocratique et social (MDS) estime, dans un communiqué, que «le code de la famille maintient l'inégalité à travers ses dispositions en matière d'héritage, de répudiation ou de polygamie». Les préoccupations des femmes diffèrent d'une organisation à une autre. Ainsi, la section femmes du Syndicat national des personnels des administrations publiques (Snapap) indique que «les femmes sont les premières victimes exposées à la précarité et l'exploitation, qu'elles soient travailleuses ou au foyer». «En ce 8 mars 2016, les femmes sont interpellées plus que jamais pour rejeter les mesures d'austérité qui institutionnalisent la pauvreté et la misère des salariés. Il est primordial pour les femmes, comme elles l'ont démontré à travers l'histoire illustrée par leurs combats et sacrifices pour la dignité, la justice et la liberté», ajoute le communiqué du Snapap. «Le travail féminin est inséparable de l'évolution de la famille et de la socialisation des tâches ménagères», ajoute, de son côté, le bureau national du MDS, qui poursuit que «des efforts immenses devront encore être consentis pour avancer sur ce terrain» économiques. D'autres organisations, à l'image de SOS Disparus, ont mis en avant de nouvelles souffrances qui guettent la femme algérienne. A commencer par celles qui ont souffert des disparitions forcées durant la décennie noire. Ces dernières appellent, à travers SOS Disparus, à un sit-in qui se tiendra aujourd'hui à Alger.