Le problème de la remise des lieux en l'état est devenu un véritable embarras pour les administrés. Les hideux décors entretenus en permanence le long des artères, rues et ruelles toujours aussi bourbeuses, pleines d'anfractuosités, de crevasses et autres nids… d'autruche sont le propre de nos mégapoles. Un constat vérifié, chaque jour que Dieu fait. «Si, autrefois, il fallait éviter les trous béants qui parsèment la chaussée, maintenant, l'automobiliste doit choisir lequel est le moins préjudiciable pour son carrosse», ironisait un chauffeur de taxi qui peine à slalomer sur la chaussée, évitant les mauvaises surprises. Outre les désagréments causés à longueur d'année aux usagers de la route, nos maîtres d'œuvre trouvent plaisir à laisser – après opération de renouvellement des canalisations (eau, gaz, électricité…), ou réfection de trottoirs, niches de téléphone,… – le chantier poussiéreux à l'abandon, et vomissant ses tripes en l'air des mois, voire des années, parfois. C'est dire que les intervenants sur la voirie se montrent réfractaires à la belle ouvrage. Pire encore, lorsqu'il pleut, c'est la cata : le piéton doit slalomer, enjamber les mares d'eau, sauter par-dessus les avaloirs et caniveaux médiocrement réalisés, ou obstrués faute d'entretien. C'est le constat amer en tout cas du citoyen lambda qui sillonne les rues de la capitale quand un orage éclate. «Ce n'est pas la pluie qui dérange, mais lorsque celle-ci tombe sur Alger», ironise une dame qui peine à éviter les trombes d'eau et les travaux viciés qui renseignent si besoin est sur le «label» des intervenants. Rares sont ceux qui daignent se conformer à la réglementation concernant à la remise en état des lieux. Très peu de prestataires jugent utile de se plier à ce fameux décret présidentiel n°04-392 du 1er décembre 2004, clair pourtant comme de l'eau de roche, relatif à la permission de voirie, qui énonce clairement dans son art.17 qu'«aussitôt après l'achèvement des travaux, le permissionnaire est tenu d'enlever tous les décombres, dépôts de matériaux, débris et immondices, de réparer immédiatement tous les dommages qui auraient pu être causés à la voie publique ou à ses dépendances... » Au cas où est observé un manquement sur le domaine routier et autoroutier, il appartient, lit-on dans le décret, aux autorités de wilaya d'effectuer les travaux de remise en l'état, à la charge du permissionnaire. Mais comme disait le cardinal de Richelieu : «Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre.» Une citation qui est on ne peut plus révélatrice du «je-m'en-foutisme» des entreprises chargées de cette besogne que la puissance publique ne voit pas utile, aussi, de contrôler, encore moins les mettre en demeure. N'est-ce pas là aussi, faire montre d'indigence au point de trouver un malin plaisir à se complaire dans ce désordre ? En clair, un constat bien établi qui ne me fait pas moins visiter la réflexion pertinente de André Suarès : «Le désordre est bien puissant quand il s'organise.»