Le problème de la remise des lieux en l'état est devenu un véritable embarras pour les administrés. Les décors hideux entretenus en permanence le long des artères, rues et ruelles toujours aussi bourbeuses, pleines d'anfractuosités, de crevasses et autres nids… d'autruche sont le propre de nos mégapoles. Un constat vérifié chaque jour que Dieu fait. « Si, autrefois, il fallait éviter les trous béants qui parsèment la chaussée, maintenant, l'automobiliste doit choisir lequel est le moins préjudiciable pour les essieux et les jantes de sa mécanique », me disait ironiquement un chauffeur de taxi. Outre les désagréments causés à longueur d'année aux usagers de la route, nos maîtres d'ouvrage donnent la preuve par neuf que la belle ouvrage est celui de laisser, après réfection des canalisations (eau, gaz, …), le chantier poussiéreux, avec un tronçon vomissant ses tripes en l'air pendant des semaines, des mois, voire une année et plus. Rares sont ceux qui se conforment à la réglementation. Très peu de prestataires voient utile de se plier à ce fameux décret présidentiel n° 04-392 du 1er décembre 2004, clair comme de l'eau de roche, relatif à la permission de voirie qui énonce clairement dans son article17 qu'« aussitôt après l'achèvement des travaux, le permissionnaire est tenu d'enlever tous les décombres, dépôts de matériaux, débris et immondices, de réparer immédiatement tous les dommages qui auraient pu être causés à la voie publique ou à ses dépendances, ... ». Au cas où est observé un manquement sur le domaine routier et autoroutier, il appartient, lit-on dans le décret, aux autorités de wilaya d'effectuer les travaux de remise en l'état, à la charge du permissionnaire. Mais comme disait le cardinal de Richelieu : « Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose qu'on veut défendre. » Une citation qui est on ne peut plus révélatrice du « je m'en foutisme » des entreprises chargées de cette besogne que la puissance publique ne voit pas utile de rappeler à l'ordre. Ni de les mettre en demeure. N'est-ce pas là aussi faire montre d'indigence au point de trouver un malin plaisir de se complaire dans ce désordre ? Un constat bien établi qui ne me fait pas moins visiter la réflexion juste de André Suarès : « Le désordre est bien puissant quand il s'organise. »